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TCHAD

Tchad : La Journée mondiale des enseignants face à la dévalorisation d'une profession


Alwihda Info | Par Masrambaye Blaise - 6 Octobre 2025


La célébration du 5 octobre, Journée mondiale de l'enseignement, met en lumière une réalité amère au Tchad : la profession d'enseignant est largement dévalorisée et est devenue, pour beaucoup de jeunes diplômés, un "pis-aller" ou un emploi faute de mieux.




 

L'Enseignement : Une Porte de Sortie, Pas une Vocation

 
Le manque d'enthousiasme pour l'enseignement est palpable chez les jeunes diplômés, qui voient souvent ce secteur comme un simple tremplin ou une solution temporaire.
 
  • Témoignages de déception : Un jeune lauréat de l'École Normale Supérieure de N'Djamena, affecté dans la capitale, a affirmé sans détour : « Il ne faut jamais mourir enseignant dans ce pays. Ce n'est pas un métier. »
  • Stratégie de reconversion : Un lauréat en gestion, reconverti professeur de Français, a postulé au Ministère de l'Éducation Nationale uniquement pour y obtenir une « ouverture » et « changer de ministère ensuite ».
Ce sentiment est renforcé par le regard méprisant de la société. Des anecdotes rapportent des moqueries directes de la part d'élèves ou de simples boutiquiers, interrogeant l'enseignant sur sa compétence ou son choix de carrière : « Monsieur, vous êtes fort mais pourquoi vous êtes devenu enseignant seulement ? »


Une Dépréciation Causée par l'État
 
Cette dévalorisation, dépeignant l'enseignant comme un « pauvre hère à la chemise décolorée » et un « éternel gréviste », est largement attribuée aux priorités de l'État.
 
L'État tchadien est perçu comme négligeant l'éducation au profit de l'armée, de la sécurité, de la santé ou de la diplomatie. Ce manque de soutien se manifeste par :
  • Salaires insignifiants : Le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) doit souvent obtenir des augmentations « au forceps », et ces hausses sont jugées insignifiantes.
  • Cycles de grèves : Les menaces de débrayage sont l'unique moyen d'obtenir une revalorisation salariale, à laquelle l'État répond par des « subterfuges habituels » ou l'imposition de pactes rarement respectés.
Le comble de la dépréciation a été atteint en 2023 avec l’assassinat de plusieurs enseignants sans qu’un soutien réel de l’État ne soit apporté, ni que des mesures claires ne soient définies pour prévenir de futurs drames. En clair, l'éducation semble ne pas être une priorité nationale, ce qui fragilise l'ensemble du système et mine la motivation de ceux qui sont censés le faire fonctionner.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)