Une faune autrefois abondante
Autrefois aire de chasse jusqu’en 2007, l’Aouk-Keïta était connu pour sa faune abondante. Les anciens se souviennent encore des grands troupeaux d’antilopes et de buffles, des rivières remplies de poissons et des lions qui se reposaient à l’ombre des arbres. Ces souvenirs, empreints de nostalgie, contrastent avec la réalité actuelle d’une région marquée par des décennies de déclin.
Depuis les années 1970, la zone a subi une perte considérable de ses ressources naturelles et de sa faune, conséquence directe des conflits armés, du braconnage opportuniste, de l’isolement géographique et de l’absence de régulation efficace des activités humaines.
La transhumance, essentielle pour de nombreux éleveurs tchadiens et transfrontaliers, s’est intensifiée au fil des ans sans véritable encadrement. De même, la pêche, la chasse et l’agriculture se sont développées selon des pratiques souvent non durables, contribuant à la dégradation des sols. Cette détérioration environnementale a entraîné des inondations récurrentes et des sécheresses prolongées, aggravant la précarité des habitants et accentuant les tensions entre populations sédentaires et nomades.
Depuis les années 1970, la zone a subi une perte considérable de ses ressources naturelles et de sa faune, conséquence directe des conflits armés, du braconnage opportuniste, de l’isolement géographique et de l’absence de régulation efficace des activités humaines.
La transhumance, essentielle pour de nombreux éleveurs tchadiens et transfrontaliers, s’est intensifiée au fil des ans sans véritable encadrement. De même, la pêche, la chasse et l’agriculture se sont développées selon des pratiques souvent non durables, contribuant à la dégradation des sols. Cette détérioration environnementale a entraîné des inondations récurrentes et des sécheresses prolongées, aggravant la précarité des habitants et accentuant les tensions entre populations sédentaires et nomades.
Un engagement renouvelé pour la préservation du paysage
Face à ce constat alarmant, le gouvernement tchadien, en partenariat avec l’organisation African Parks et avec l’appui financier de l’Union européenne, a initié depuis 2020 un projet ambitieux de restauration et de gestion durable du paysage Aouk-Keïta. Ce programme vise à redonner vie à cet écosystème tout en soutenant le développement local.
La seconde phase du projet, prévue pour la période 2024-2027, a pour objectif de mettre en œuvre un processus participatif afin d’élaborer un plan d’utilisation des terres favorisant la préservation de la connectivité écologique, la restauration de la biodiversité et la pérennisation des services écosystémiques. Elle prévoit également la préparation de la documentation nécessaire à la classification d’au moins deux aires protégées.
Grâce à sa localisation stratégique et à sa faible densité démographique, l’Aouk-Keïta constitue aujourd’hui une zone clé pour la connectivité écologique régionale. Son paysage diversifié mêlant savanes boisées, forêts sèches, plaines inondables et galeries forestières abrite certaines des plus vastes zones humides du bassin du lac Tchad, reconnues depuis 2006 par la Convention de Ramsar comme sites d’importance internationale.
La seconde phase du projet, prévue pour la période 2024-2027, a pour objectif de mettre en œuvre un processus participatif afin d’élaborer un plan d’utilisation des terres favorisant la préservation de la connectivité écologique, la restauration de la biodiversité et la pérennisation des services écosystémiques. Elle prévoit également la préparation de la documentation nécessaire à la classification d’au moins deux aires protégées.
Grâce à sa localisation stratégique et à sa faible densité démographique, l’Aouk-Keïta constitue aujourd’hui une zone clé pour la connectivité écologique régionale. Son paysage diversifié mêlant savanes boisées, forêts sèches, plaines inondables et galeries forestières abrite certaines des plus vastes zones humides du bassin du lac Tchad, reconnues depuis 2006 par la Convention de Ramsar comme sites d’importance internationale.
Un retour progressif de plusieurs espèces grâce à des efforts conjoints de conservation
Quatre ans après le début de la gestion active, les efforts conjoints de conservation commencent à produire des résultats tangibles. Les équipes d’African Parks observent un retour progressif de plusieurs espèces emblématiques telles que le lion, le léopard, le potamochère, le lycaon, l’hippopotame, le colobe de Guereza ou encore l’autruche à cou rouge.
Ces signes encourageants témoignent d’une régénération naturelle en cours et confirment que le paysage Aouk-Keïta est désormais un maillon essentiel dans la continuité écologique entre les parcs nationaux de Zakouma et de Siniaka Minia au Tchad, et les aires protégées du nord-est de la République centrafricaine, comme le parc de Manovo-Gounda St Floris ou la réserve de Yata-Ngaya.
Ces signes encourageants témoignent d’une régénération naturelle en cours et confirment que le paysage Aouk-Keïta est désormais un maillon essentiel dans la continuité écologique entre les parcs nationaux de Zakouma et de Siniaka Minia au Tchad, et les aires protégées du nord-est de la République centrafricaine, comme le parc de Manovo-Gounda St Floris ou la réserve de Yata-Ngaya.
Des communautés au centre du processus
Cependant, la restauration de cet écosystème ne peut réussir sans l’adhésion et la participation des communautés locales. L’Aouk-Keïta est avant tout un espace de vie où les populations cultivent, pêchent, élèvent et se déplacent au rythme des saisons. C’est pourquoi le projet place les riverains au cœur du dispositif de gestion. Des initiatives concertées ont permis d’aménager des couloirs de transhumance, des zones de maraîchage et des réserves de pêche afin de concilier les besoins des éleveurs, des pêcheurs et des agriculteurs tout en protégeant la nature.
À Dingirti, un petit village de pêcheurs de moins de cinquante habitants situé au bord de la rivière Aouk, les habitants subissent les effets des aléas climatiques. Sylvain Nagylom raconte que « nos défis sont les inondations, cette année nous avons perdu nos outils de travail et on a dû bouger notre village à l’autre côté à cause de l’eau. Ici, nous pêchons, nous élevons des chèvres et nous vivons d’une manière simple ».
Pendant qu’il prépare les filets qu’il plongera le lendemain dans la rivière, il se montre favorable aux actions de conservation : « la gestion de la zone est une bonne chose, car elle va nous aider à mieux protéger les zones de pêche ».
À Massambagne 1, le chef de village Mahamat Idriss se souvient de l’époque où la faune était omniprésente. Il explique que « depuis mon enfance jusqu’à 2006, on voyait beaucoup d’animaux. Pourtant, après le départ de la compagnie de safari, les braconniers sont venus et ils ont tout tué. Maintenant, je vois que la faune commence à augmenter après l’intervention d’African Parks. La présence des animaux est bonne pour le village et AP nous a donné la sécurité. Si le braconnage est là, nous n’aurons pas des services pour le village, tels que l’emploi, l’école... Par contre, la conservation nous offre ces avantages ».
De son côté, Alhadj, père de dix enfants et éleveur transhumant, illustre bien le mode de vie mobile de nombreuses familles tchadiennes. Chaque année, il parcourt de longues distances avec sa famille et son bétail, quittant l’est du Tchad pour rejoindre le nord de la République centrafricaine, en passant par l’Aouk-Keïta. Il confie que « je n’ai pas le droit de traverser Massambagne avec le bétail, donc c’est un peu compliqué pour chercher des zones de passage. Mais on n’a pas de problèmes avec les agriculteurs. L’Aouk est pour nous les Tchadiens. Et il nous donne de la sécurité, car les activités de surveillance et de conservation nous protègent des voleurs. Cependant, maintenant je vois qu’il y a moins d’herbes car il y a beaucoup de transhumants. Bientôt ça va finir et on sera obligés de partir en RCA ».
À Dingirti, un petit village de pêcheurs de moins de cinquante habitants situé au bord de la rivière Aouk, les habitants subissent les effets des aléas climatiques. Sylvain Nagylom raconte que « nos défis sont les inondations, cette année nous avons perdu nos outils de travail et on a dû bouger notre village à l’autre côté à cause de l’eau. Ici, nous pêchons, nous élevons des chèvres et nous vivons d’une manière simple ».
Pendant qu’il prépare les filets qu’il plongera le lendemain dans la rivière, il se montre favorable aux actions de conservation : « la gestion de la zone est une bonne chose, car elle va nous aider à mieux protéger les zones de pêche ».
À Massambagne 1, le chef de village Mahamat Idriss se souvient de l’époque où la faune était omniprésente. Il explique que « depuis mon enfance jusqu’à 2006, on voyait beaucoup d’animaux. Pourtant, après le départ de la compagnie de safari, les braconniers sont venus et ils ont tout tué. Maintenant, je vois que la faune commence à augmenter après l’intervention d’African Parks. La présence des animaux est bonne pour le village et AP nous a donné la sécurité. Si le braconnage est là, nous n’aurons pas des services pour le village, tels que l’emploi, l’école... Par contre, la conservation nous offre ces avantages ».
De son côté, Alhadj, père de dix enfants et éleveur transhumant, illustre bien le mode de vie mobile de nombreuses familles tchadiennes. Chaque année, il parcourt de longues distances avec sa famille et son bétail, quittant l’est du Tchad pour rejoindre le nord de la République centrafricaine, en passant par l’Aouk-Keïta. Il confie que « je n’ai pas le droit de traverser Massambagne avec le bétail, donc c’est un peu compliqué pour chercher des zones de passage. Mais on n’a pas de problèmes avec les agriculteurs. L’Aouk est pour nous les Tchadiens. Et il nous donne de la sécurité, car les activités de surveillance et de conservation nous protègent des voleurs. Cependant, maintenant je vois qu’il y a moins d’herbes car il y a beaucoup de transhumants. Bientôt ça va finir et on sera obligés de partir en RCA ».
Une dynamique communautaire porteuse d’avenir
Les responsables du projet misent sur la sensibilisation et l’implication directe des communautés pour ancrer durablement les bonnes pratiques environnementales. Des campagnes d’information, des réunions publiques et des visites d’échanges, notamment au parc de Zakouma, ont permis à plus de 400 personnes de découvrir les bénéfices d’une gestion raisonnée des ressources naturelles.
Pour Ali Barcham, chef de canton de Hemat de Haraze, « la zone protégée de l’Aouk a toujours eu de l’importance. Il faut qu’il revive. Mais pour cela, il faut renforcer la sécurité, délimiter clairement les zones protégées et bien informer les villageois. Cet endroit c’est notre héritage commun ».
Brahim Yakhoub, chef du village de Batimera depuis huit ans, mène lui aussi des actions de sensibilisation. Il estime que « l’Aouk-Keïta, c’est l’avenir pour les enfants. Nous soutenons ce projet et nous aimerions que le parc engage les gens de Batimera. En tant que chef, je passe le message sur la protection de l’environnement après la prière. J’explique à la population qu’il ne faut pas tuer les animaux ou de me signaler les incidents ».
Pour Ali Barcham, chef de canton de Hemat de Haraze, « la zone protégée de l’Aouk a toujours eu de l’importance. Il faut qu’il revive. Mais pour cela, il faut renforcer la sécurité, délimiter clairement les zones protégées et bien informer les villageois. Cet endroit c’est notre héritage commun ».
Brahim Yakhoub, chef du village de Batimera depuis huit ans, mène lui aussi des actions de sensibilisation. Il estime que « l’Aouk-Keïta, c’est l’avenir pour les enfants. Nous soutenons ce projet et nous aimerions que le parc engage les gens de Batimera. En tant que chef, je passe le message sur la protection de l’environnement après la prière. J’explique à la population qu’il ne faut pas tuer les animaux ou de me signaler les incidents ».
Un modèle de gouvernance partagée
En attendant la signature d’un accord pour une gestion à long terme du paysage, l’expérience d’Aouk-Keïta démontre que la conservation de la nature ne peut être dissociée du développement local. Le projet illustre la possibilité de bâtir un modèle de gouvernance territoriale où les communautés deviennent de véritables partenaires, impliqués dans la protection des ressources dont dépend leur avenir.
Dans un contexte marqué par les changements climatiques, la pression démographique et la raréfaction des ressources, l’Aouk-Keïta apparaît comme un symbole d’espoir. Sa renaissance progressive rappelle que la préservation du patrimoine naturel, loin d’être une contrainte, constitue un levier de stabilité, de cohésion et de prospérité pour les populations locales.
Dans un contexte marqué par les changements climatiques, la pression démographique et la raréfaction des ressources, l’Aouk-Keïta apparaît comme un symbole d’espoir. Sa renaissance progressive rappelle que la préservation du patrimoine naturel, loin d’être une contrainte, constitue un levier de stabilité, de cohésion et de prospérité pour les populations locales.
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Tchad : Le Paysage Aouk-Keïta, un patrimoine naturel à préserver








