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ANALYSE

Tchad : GCAP, le grand renoncement, l’opposition plie sous la crainte ou prépare un virage stratégique ?


Alwihda Info | Par Nguessitta Djimtengaye William - 22 Octobre 2025



Le paysage politique tchadien vient de connaître un nouveau séisme. Le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP), l’une des coalitions d’opposition les plus virulentes de ces dernières années, a annoncé ce 22 octobre 2025, à travers un point de presse, son retrait de la scène politique nationale.

En cause, selon ses dirigeants, des menaces persistantes qui pèseraient sur les membres et les leaders du groupe. Un motif légitime, certes, mais cette décision interroge. Le GCAP, depuis sa création, s’était imposé comme un espace de résistance face au pouvoir de transition, dénonçant sans relâche les dérives autoritaires, les exclusions politiques et la manipulation des institutions électorales.

Aujourd’hui, le ton a changé : le groupe se retire, invoquant la peur, la répression et l’insécurité politique. Dans une arène politique comme celle du Tchad, le courage et la constance sont souvent la première preuve de conviction.

En choisissant de se retirer, le GCAP ouvre un boulevard à ceux qu’il critiquait et donne l’impression d’abandonner la lutte à mi-chemin. Est-ce une capitulation dictée par la peur ou un calcul stratégique annonçant un possible ralliement au pouvoir ? La question mérite d’être posée.

Il serait naïf d’ignorer la réalité : la politique tchadienne reste un terrain dangereux. Les intimidations, arrestations et exclusions administratives y sont monnaie courante. Dans ce contexte, la décision du GCAP peut être vue comme un acte de survie, mais aussi comme un aveu d’impuissance.

Car la politique, c’est aussi une bataille de conviction. Quand on se dit défenseur de la démocratie, peut-on fuir la scène au moment où la peur s’installe ? En se retirant, le GCAP semble avoir oublié que la crédibilité d’une opposition se mesure dans l’adversité, pas dans la fuite. Le moment choisi n’est pas anodin.

À quelques mois d’échéances électorales majeures et alors que le pouvoir cherche à consolider sa légitimité par de nouvelles alliances, la disparition d’une voix critique aussi influente ne peut être un hasard. Certains observateurs y voient un signal de ralliement, ou du moins une volonté de repositionnement stratégique.

D’autres évoquent un essoufflement interne : divisions, manque de moyens, absence de coordination et lassitude auraient fini par fragiliser le groupe. Quelles qu’en soient les raisons, le retrait du GCAP laisse un vide inquiétant. Dans un paysage politique déjà étouffé, cette absence réduit davantage la pluralité du débat et affaiblit le contre-pouvoir.

Le GCAP a longtemps incarné la voix d’une opposition organisée et déterminée, capable de bousculer les certitudes du pouvoir. Son départ précipité, sous fond de menaces ou de calculs, laisse un goût amer, celui d’un combat interrompu avant la ligne d’arrivée. Le GCAP aura marqué la transition par ses positions tranchées et son discours sans concession.

Mais son retrait brutal ressemble à une reddition silencieuse, presque à une trahison pour ceux qui voyaient en lui un rempart contre la dérive autoritaire. Quitter la scène sous la menace peut se comprendre, mais abandonner la lutte, c’est offrir la victoire sans bataille. Et dans un pays où la parole libre se fait rare, chaque silence pèse lourdement.



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