Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
TCHAD

Tchad : est-ce une obligation pour l'homme de contribuer à la prise en charge de sa belle-famille ?


Alwihda Info | Par Temandang Gontran - 22 Octobre 2025



Dans les rues animées de N'Djamena, les liens familiaux sont le pilier de la société. Mais derrière le décor de la solidarité africaine, une réalité financière complexe et souvent source de tensions émerge au sein des couples mixtes et même au-delà : la pression financière exercée par la belle-famille sur le gendre considéré comme fortuné.

Ce qui commence souvent comme une aide ponctuelle, dictée par la coutume de l'entraide et les réalités économiques précaires du pays où plus de 42% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque Mondiale, se transforme parfois en une liste d'exigences qui dépasse largement le cadre légal et moral. Certains hommes deviennent une source de financement pour leurs belles familles. ‎

De nombreux témoignages, souvent recueillis hors micro pour préserver l'intimité et l'harmonie familiale, décrivent un schéma récurrent. Une fois le mariage célébré, l'homme se retrouve non seulement chef de son propre foyer, mais aussi, de fait, le banquier de sa belle-famille.

‎Les sollicitations sont variées et peuvent devenir un fardeau colossal
‎ ‎ L'époux se voit demander de prendre en charge la scolarité de ses beaux-frères et belles-sœurs, de l'école primaire à l'université. Les nécessités et produits de consommation pour la maisonnée élargie sont souvent à sa charge. « J’ai l'habitude d'envoyer sac de maïs à mon beau, mais ça fait trois mois que je n'ai pas envoyé.

Cela fait maintenant l'objet de revendication », témoigne un homme sous l'anonymat. ‎ ‎Si l'homme dispose de moyens financiers supérieurs à ceux de sa belle-famille, l'effet est amplifié. Sa richesse est souvent vue comme une ressource commune disponible pour résoudre tout problème familial, créant un système de dépendance où sa capacité à dire "non" est directement liée à la survie de son couple. ‎ ‎ ‎

La question fondamentale demeure : est-ce une obligation pour le gendre ?
‎ ‎En revanche, les us et coutumes tchadiens confèrent une forte valeur à la solidarité familiale élargie. Dans une société où les filets de sécurité sociale sont faibles, la réussite d'un membre du clan est traditionnellement mise au service de l'ensemble de la famille. Cette coutume de l'entraide, louable en son essence, se heurte aujourd'hui aux réalités de l'économie moderne, transformant l'acte de générosité en une attente rigide, voire un chantage affectif ou conjugal.

‎ ‎Le cœur du problème se situe souvent au sein du couple, qui doit négocier la frontière entre le soutien volontaire et l'exigence imposée. Des études menées sur les dynamiques familiales au Tchad révèlent que les questions financières, et l'ingérence de la belle-famille, sont des sources majeures de conflit dans de nombreux foyers.

‎ ‎L'épouse, tiraillée entre son conjoint et sa famille d'origine, devient malgré elle l'instrument de ces exigences, ce qui nuit à l'autonomie et à la stabilité du nouveau foyer. Le gendre se retrouve piégé : céder mène à l'épuisement financier, refuser peut signifier le conflit conjugal, l'isolement, voire la rupture.

‎ ‎Pour préserver leur union, les couples à N'Djamena sont souvent contraints de trouver un équilibre précaire entre le respect des traditions de solidarité et la nécessité de protéger leurs propres finances et leur indépendance. La communication claire et le soutien mutuel, face à la famille élargie, sont alors les seuls remparts contre un poids financier qui, sans limites, risque de briser le foyer qu'ils tentent de construire.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)