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ANALYSE

Tchad : à Ndjamena, la réussite par procuration, une nouvelle ambition féminine ?


Alwihda Info | Par Temandang Gontran - 22 Octobre 2025


L'ambition est un moteur puissant, mais sa direction semble parfois dévier. On observe chez certaines jeunes femmes, une volonté de réussite déconnectée de l'effort personnel et du travail. L'objectif n'est plus l'autonomie professionnelle, mais de fixer leur réussite sur un homme ayant réussi sa vie. Un travail bien rémunéré, une belle maison, un statut social enviable : voilà le cahier des charges de l'époux idéal.


Des femmes d’une tribu nomade arabe, dans la banlieue de N’Djamena . © MARCO LONGARI/AFP
Des femmes d’une tribu nomade arabe, dans la banlieue de N’Djamena . © MARCO LONGARI/AFP
L'affirmation tranchante de Chancela : « J'aime l'homme qui a l'argent, l'amour viendra après ». Elle symbolise une forme de pragmatisme où l'ordre des priorités est inversé. La stabilité matérielle prime sur l'affection, l'attirance ou les valeurs communes.

L'argent, un critère socialement admis ‎
Cette quête d'un partenaire bien assis financièrement n'est pas toujours une initiative purement individuelle. Elle est souvent encouragée, voire orchestrée, par certaines familles. L'union n'est plus seulement celle de deux individus, mais une stratégie d'ascension sociale pour tout un clan. Dans un contexte économique difficile, l'homme riche est perçu comme une bouée de sauvetage, un garant contre la précarité. Le mariage devient une transaction, un contrat tacite où le confort matériel est la monnaie d'échange. ‎ ‎Ce modèle soulève cependant des interrogations fondamentales, touchant à l'éthique personnelle et à la nature même du couple.

‎ ‎Compter sur la réussite d'autrui, un choix viable ?
‎ ‎Est-ce une manière saine et durable de construire sa vie que de se reposer intégralement sur les acquis d'une autre personne ? Si cette approche offre un raccourci vers le confort, elle expose aussi à une dépendance totale et risquée. La réussite financière peut être éphémère (faillite, perte d'emploi, etc.), et le couple, privé de ses fondations financières, risque de s'effondrer faute de liens plus solides. De plus, elle nie le potentiel d'autonomie et d'épanouissement personnel que procure le travail. ‎ ‎

Où est la place de l'amour ?
‎ ‎La question centrale demeure : S'il faut se mettre avec quelqu'un pour des raisons financières, alors où est la place de l'amour ? L'amour, traditionnellement considéré comme l'essence du mariage, est relégué au second plan, au statut de variable d'ajustement qui est censé apparaître après que la sécurité matérielle est assurée.

Un mariage sans amour, basé sur un intérêt économique, n'est-il pas une forme de solitude à deux ? Le risque est grand de bâtir une union sur une illusion, où l'attachement est confondu avec la gratitude ou l'habitude, et où le partenaire riche est davantage un pourvoyeur qu'un complice de vie. ‎ ‎Si la stabilité matérielle est indéniablement un facteur de sérénité dans le couple, elle ne peut se substituer aux véritables fondations d'un engagement durable : l'amour, le respect mutuel, et la construction d'un projet commun.

‎ ‎À N'Djamena, comme ailleurs, il est important de rappeler que l'union la plus forte est celle où les deux partenaires s'épaulent dans la construction de leur propre réussite, financière ou autre, plutôt que de voir l'un comme le simple bénéficiaire des efforts de l'autre. Le mariage, pour résister aux tempêtes de la vie, a besoin d'un socle plus émotionnel et humain que le seul compte en banque.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)