INTERVIEW

Tchad: Pour l'opposant Kebzabo, « il n’y a pas de démocratie au Tchad »


Alwihda Info | Par - 21 Février 2013


Dans sa cours spacieuse et bien fleurie, Kebzabo Saleh, président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) et chef de file de l’opposition tchadienne, se laisse découvrir et parle, sans gant, ni tabou, de la gouvernance du Tchad, faite par le Président Idriss Deby et « son clan ». Dans cet entretien réalisé, le 17 février 2013 à N’Djamena, au rythme de cri de perroquets et autres chants d’oiseaux de son domaine, M. Saleh dit, avec preuves à l’appui, que son pays n’a pas d’avenir avec l’actuel président, dont il juge la gestion scabreuse et opaque, le tout, sur fond d’improvisation et d’actions qui s’annulent.


Sidwaya (S.) : Comment se porte le chef de file de l’opposition tchadienne ?

Kebzabo Saleh (K. S.) : Comment je vais, moi-même, ou comment se porte l’opposition tchadienne ? (rires). Je vais bien. L’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), dont je suis le président, a une vingtaine d’années. Nous avons dix députés à l’Assemblée nationale. Ce qui nous permet d’avoir un groupe parlementaire. D’autres députés se sont aussi joints à nous. Nous avons un groupe de 18 députés et constituons la deuxième force politique après le Mouvement patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir. Je suis également coordonnateur adjoint de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC). La seule coordination de l’opposition qui mène la lutte, depuis huit ans. Cette structure était dirigée par notre camarade, Ibni Oumar Mahamat Saleh, qui a été enlevé, le 3 février 2008. De façon symbolique, nous avons laissé le poste de secrétaire général jusqu’à ce que la lumière soit faite sur sa disparition. Je suis, selon la loi de 2009, le chef de file de l’opposition.

S. : Kebzabo Saleh, un chef de file de l’opposition adulé ?

K. S. : Ce titre n’agrée pas tellement le régime ! La preuve, jusqu’ici, il n’y a pas de décret d’application de cette loi. Cela veut dire que le Président Idriss Deby Itno ne s’accommode pas de l’opposition qui est structurée. Pourtant, c’est lui qui a promulgué la loi votée par le parlement. A l’hémicycle, l’opposition regroupe 32 députés. Il y a deux groupes de l’opposition. Nous essayons, ensemble, de tenir la dragée haute à l’Assemblée nationale, parce que nous sommes 188. Nous sommes là, nous faisons le débat, mais dès que nous arrivons aux votes, nous sommes battus.

S. : Dans quel état l’opposition tchadienne se trouve-t-elle de nos jours ?

K. S. : Un fait dont on n’avait pas l’habitude commence à venir. Aux dernières élections législatives, de même qu’aux municipales, nous avons fait l’effort d’avoir quelques listes communes. Nous réfléchissons déjà pour les prochaines élections, municipales, législatives et présidentielle (2014, 2015 et 2016). Notre souhait, c’est que l’opposition trouve le moyen d’avoir une unité d’action dans tout ce qu’elle mène. Nous essayons de structurer tout cela dans un environnement politique qui n’est pas favorable. Le Tchad est un pays qui a l’apparence démocratique, mais c’est un régime militaire qui ne dit pas son nom. Le président a juste troqué sa vareuse contre un boubou civile. Cela a des conséquences sur la vie politique. Idriss Deby Itno, si les gens l’avaient oublié, il le leur a rappelé tout dernièrement quand il s’est habillé en général, pour aller saluer les troupes au Mali (rires). Vous voyez bien que le reflexe demeure toujours, y compris en politique.

S. : Quelles sont les difficultés auxquelles l’opposition tchadienne fait face ?

K. S. : Pour être précis, au Tchad, nous avions signé un accord politique, dit accord politique du 13 août 2007, qui avalisait tous les problèmes et avait pour objectif de nous amener aux élections suivantes, c’est-à-dire celle qui ont eu lieu en 2011 et 2012, dans la transparence. L’échec a été total. Pourquoi ne parvenons-nous pas à organiser des élections transparentes ? Il confisque le pouvoir pour différentes raisons. Il a des comptes à rendre. Tant qu’il est au pouvoir, il est tranquille. Ainsi, tout est contrôlé par le président, l’administration, l’armée, etc. Pour avoir un poste, il faut montrer patte blanche au système en place. Si seulement ça se limitait là, on pouvait espérer, mais ils vont jusqu’à soumettre l’opposition. Parce que, nous ne pouvons pas entreprendre une action quelconque sans avoir de heurts, avec des proches du pouvoir. Ils croient qu’ils doivent nous empêcher de jouir de notre plénitude démocratique. Les libertés sont donc restreintes. Le Tchad est, de nos jours, le seul pays au monde où les manifestations pacifiques sont interdites. Les difficultés font donc qu’il y a la désertion dans les rangs de l’opposition. Mais nous tenons le coup.

S. : Dans certains pays, le chef de file de l’opposition a du mal à se faire reconnaître par tous les opposants. Est-ce le cas au Tchad ?

K. S. : (Hésitations…) Jusqu’à présent, je n’ai pas enregistré une voix qui s’est élevée pour contester mon autorité. Même si cela arrivait, je le trouverai tout à fait normal. Si on prétend incarner l’opposition sans qu’il y ait une opposition ou aucune contestation que ce soit, cela veut dire que nous aurions agi comme les gens du pouvoir qui ne veulent pas sentir d’opposition autour d’eux. Je crois même que c’est enrichissant qu’il y ait une opposition plurielle, mais qu’on aille au moins dans la même direction. Qu’il n’y ait pas de gens manipulés par le pouvoir qui se disent de l’opposition. Cela est important et la loi précise, au Tchad, de se déclarer de l’opposition et d’y rester. Si vous voulez quitter, vous faites une déclaration publique que vous déposez au ministère de l’Administration territoriale. Je pense que cela est utile, parce que, dans nos pays, cette démarcation n’est pas toujours très nette. Je ne prétends pas que je suis l’unificateur de l’opposition, mais je constate que les querelles n’existent pas ou, qu’elles ne s’expriment pas de façon publique.

S. : Selon vous, peut-on parler de démocratie au Tchad ?

K. S. : (rire aux éclats). Je pense que la démocratie tchadienne est balbutiante. C’est un système qui se réclame de la démocratie pour faire bien, parce que c’est l’air du temps. Sinon, réellement, il n’y a pas de démocratie au Tchad. Pour moi, la démocratie, c’est la liberté. La liberté de choisir son camp politique, la liberté de faire ce qu’on veut faire, la liberté de contester, la liberté d’aller et de venir. C’est fondamentalement cela la démocratie. Et au Tchad, c’est tout le contraire. Par exemple, quoiqu’on fasse pour les élections, elles ne sont jamais transparentes au Tchad.

S. : N’est-ce pas de la faute à l’opposition ?

K. S. : Pas forcément. Cela, parce que l’armature politique du pouvoir veille. Si vous ajoutez tous les organes judiciaires qui gèrent les élections, la Conseil constitutionnel et la Cour suprême qui, eux-mêmes, sont composés de membres du pouvoir, vous voyez que les jeux sont faits d’avance. Un exemple. Dans ma circonscription électorale, nous avions gagné les législatives avec 54% des voix. Nous avions enlevé, incontestablement, les trois sièges. Mais, à la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, ils nous ont retiré un siège, en nous ramenant à 48%, annulant des bureaux de vote pour donner un siège au parti au pouvoir.

S. : Avez-vous porté plainte ?

K.S. : Vous rigolez… Porter plainte où ? C’est le dernier recours. Il n’y avait donc rien à faire. C’est un exemple que je vous donne pour dire que tout le système est gangréné par le parti au pouvoir. Je continue ma démonstration. Dans tous les pays, on dit qu’il y a quatre pouvoirs. L’exécutif, le législatif, le judiciaire et la presse. Mais, au Tchad, le pouvoir exécutif est seul. Il a soumis le pouvoir législatif, car, parmi les 188 députés que compte l’Assemblée nationale, au moins 150 se réclament de la majorité présidentielle. Il n’y a même pas de débats très intéressants à l’hémicycle, avec un président de l’Assemblée nationale qui confond l’exécutif et le législatif. Il pense que le législatif est au dessous de l’exécutif. Quant-au pouvoir judiciaire, il est malade. Le statut des magistrats a été modifié. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on ne passe plus par le Conseil supérieur de la magistrature pour sanctionner un magistrat. Le ministre de la Justice peut le faire. Et dans la modification de la Constitution qu’on a faite, ces jours-ci, il n’y a plus d’inamovibilité du juge. Dans un système comme le nôtre, si le juge peut être amovible à souhait, il n’y a plus de pouvoir judiciaire.

S. : Mais qu’avez-vous fait pour changer les choses ?

K. S. : Nous avons démontré que c’étaient des erreurs et que politiquement, cela ne devait pas se faire. C’est tout comme quand ils ont modifié la Constitution pour permettre au Président de la République, initialement, de diriger un parti politique. Mais, ils ont vu que c’était trop fort. Ils ont réajusté pour dire que le Président de la République peut militer dans un parti politique ou une association de son choix. Mais là aussi, nous leur avons dit que c’était une erreur politique. Mais, ils ont voté.

S. : La lutte contre la corruption fait l’actualité au Tchad. Est-ce une réalité ?

K. S. : C’est un discours qui ne nous convainc pas, parce qu’il n’y a aucun acte qui l’appuie. On arrête toujours les gens, même des ministres, de façon spectaculaire. Mais après, ça fait putsch (rires). Il n’y a pas de suite. On les libère. Ils ne vont même pas devant le juge. Jusqu’à preuve du contraire, il ne nous est pas encore revenu que telle ou telle personne a été condamnée pour fait de corruption, de détournement, fraude ou pour quoi que ce soit.

S. : Peut-être que la corruption n’est pas très préoccupante au Tchad ?

K. S. : La corruption est même visible au Tchad. Quand tu as un enrichissement sans cause, c’est bien parce qu’il y a eu de la corruption ou un détournement. Vous pouvez voir, à N’Djamena, des quartiers qui ressemblent à des cités américaines ! Tout cela, pour des gens qui ont, parfois, moins de cinq ans de service. Un sac de ciment de 50 kilogrammes coûte entre 11 000 et 12 000 FCFA. Faites les comptes pour voir combien de sac une villa consomme et comment un haut fonctionnaire, un directeur général ou même un ministre, peut-il, en moins de cinq ans de travail, construire un bâtiment de un à deux étages. Pourtant, c’est courant au Tchad.

S. : Vous pouvez changer quoi si vous étiez ou deveniez président ?

K.S. : (Rires aux éclats…) Je crois que toute personne de bon sens qui prétend accéder à la magistrature suprême a une vision pour son pays. Notre vision est totalement différente de celle de Deby.
Dans tous les domaines, parce qu’aujourd’hui, nous sommes dans un pays qui se veut être un Etat, mais que nous avons qualifié d’Etat informel. L’Etat tchadien est devenu un Etat informel. Nous avons des lois, mais les gens circulent et agissent à côté de la loi. Nous avons des institutions qui sont foulées au pied. Le Tchad a une armée truffée de plus de 500 généraux, nommés à la pelle et à la hâte par le Président Deby, qui va se réveiller comme il l’a fait, il y a quelques jours, pour dégommer des ministres (rires moqueurs) et leur enlever leurs grades de généraux. C’est comme cela que nous avons appris que ces messieurs étaient des civils comme vous et moi, mais qui ont des grades de généraux, alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans l’armée. L’armée tchadienne est donc devenue un fourre-tout, qui permet au prince de distribuer ses prébendes. Ces généraux, même s’il les met à la retraite anticipée, sont déjà casés. Chose curieuse, dans la troupe qui est allée au Mali, l’adjoint du chef est un jeune général de 25 ans, fils du Président Deby. Ainsi, tous les enfants du clan, sont des colonels ou des généraux. C’est cela l’armée tchadienne. Même sauce pour la police.

S. : Justement, l’on assiste à la suspension de la police tchadienne ces temps-ci !

K. S. : C’est une honte pour l’Etat ! Des institutions comme la police ne peuvent pas être suspendues pour quelle que raison que ce soit. Or, depuis deux semaines, nous vivons sans police à N’Djamena. Et curieusement, la population dit qu’on n’a jamais connu autant de sécurité, que sans la police. Le Président a suspendu la police pour contrôler les grades. Mais qui donne les grades ? C’est Idriss Deby. Les contrôleurs généraux de police, équivalents de généraux d’armée, on les dénombre à la pelle. C’est le Président qui leur a octroyé les grades, puisque c’est par décret qu’elles sont données. C’est donc lui qui est responsable de tout ce qui arrive, mais il ne veut pas s’assumer. Un pays comme le Tchad devait être développé, dix fois plus que ce que l’on voit actuellement.

S. : Mais ceux qui connaissent le Tchad disent qu’il y a eu une évolution extraordinaire. Pensez-vous que rien n’a été fait ?

K. S. : Il y a un niveau de développement que vous êtes obligés d’atteindre, même si vous ne voulez pas. Cela vous ait imposé, parce que vous êtes entourés par des pays, vous traitez avec des organisations, qui ne sont pas là pour avaliser ce que vous faites. Le Président Deby s’est réveillé, il y a seulement cinq ans, pour agir ainsi, parce qu’il s’est rendu compte que le pays est en retard. Il s’est mis donc à dire qu’il va développer le pays. Nous disons que cela n’est pas le développement. Ce n’est pas la peine de développer un quartier de N’Djamena pour ceux qui arrivent par avion et qui descendent voir que les rues sont belles, goudronnées et électrifiées. Alors que cela fait trois à quatre jours que je n’ai pas d’électricité chez moi.
Il y a même des quartiers de N’Djamena où on puise l’eau dans des puits pour boire, parce qu’il n’y a pas d’adduction... Le schéma actuel est celui du développement improvisé. Le Président Deby n’a aucun plan de développement. C’est lui-même qui conçoit tout et donne des ordres. Et on agit. C’est ce que j’appelle des actions qui se neutralisent parfois. Quand ce n’est pas planifié, forcément ça se neutralise et ce n’est pas bien fait. Quand c’est improvisé par le Président, les ministères techniques ne sont pas consultés. Ils sont mis devant le fait accompli et font ce qu’ils peuvent.

S. : Un mot sur la gestion de la manne pétrolière. Comment la trouvez-vous ?

K. S. : Nous avons affaire à une gestion scabreuse et plus qu’opaque. Quand je dis que le Tchad est un non-Etat, je prends l’exemple du budget général de l’Etat, qui est apparemment bien confectionné. Il arrive à l’Assemblée nationale, non pas à l’ouverture de la session, le 4 octobre de l’année, comme l’exige la loi, mais vers fin novembre, début décembre. La commission a à peine eu le temps de travailler là-dessus qu’on convoque une plénière pour l’adopter. Et les choses se passent en une matinée. Tout un budget de l’Etat, il n’y a pas de débat.
On refuse qu’il y ait un débat tout simplement parce que le budget tchadien est une fiction. Il ne correspond à aucune réalité. Depuis quatre ans, personne ne regarde les ressources pétrolières tchadiennes. Le Président en dispose et en fait ce qu’il veut. Ce qui fait que la direction générale des grands travaux qu’il a créée, à dessein, à la Présidence, est dirigée par un de ses enfants. Le trésorier payeur général est un beau-fils du Président.

S. : Il revient que vous avez exigé un débat à l’Assemblée nationale avant l’envoi de militaires tchadiens au Mali. Pourquoi ?

K. S. : Nous nous sommes exprimés sur l’envoi des troupes au Mali, parce que nous pensions que ce qui arrive au Mali peut arriver au Tchad. Mais nous pensions qu’il fallait qu’on en parle au plan national. D’ailleurs, ce qui arrive au Mali risque d’arriver au Tchad.
C’est un pays sahélien, comme nous. Nous avons les mêmes situations géographiques, sociologiques, etc. C’est pour cela que nous avons soutenu l’envoi des troupes au Mali. Pour nous, aller contenir les terroristes au Mali, c’est les éloigner du Tchad. Les éliminer au Mali, c’est assurer la sécurité du Tchad. Nous rappelons que le Tchad est un pays du champ, un pays du front et qu’à 100 kilomètres de nous, au Nigeria, il y a Boko Haram. Nous connaissons des gens à N’Djamena qui sont adeptes de Boko Haram. Le danger nous guète tous.

S. : Ne serait-ce pas l’urgence qui a peut-être amené le Président à vouloir déployer la force militaire avant de consulter l’Assemblée ?

K. S. : Peut-être qu’en France, c’était l’urgence, parce que les djiadistes ont attaqué en nous prenant de court. Mais même là, je dis que les Français devaient être, plus ou moins, informés. C’est pour cela qu’ils ont pu intervenir de façon rapide et massive. Mais nous autres, pays africains, c’est l’occasion de dire que c’est une honte pour nous de ne pas pouvoir intervenir immédiatement. Depuis 9 mois que ces gens-là ont occupé Gao et autres, aucun pays africain n’était en mesure de venir au secours au Mali. Même pas le Nigeria ! Cela veut dire qu’il y a une réflexion qu’on doit mener sur nos armées. Quelle est la vocation des armées africaines ? Je pense qu’il n’y a pas eu d’urgence pour tout le monde. Idriss Deby n’a pas été surpris.

S. : Le Tchad, un pays émergent à l’horizon 2025. Vous y croyez ?

K. S. :
Ce sont des histoires. Il faut définir un pays émergent. Un pays émergent, c’est avant tout un pays démocratique. Un pays dont les citoyens bénéficient de toutes les libertés. Où il y a la justice sociale, où il n’y a pas de l’impunité, de corruption, de détournement.

S. : Y a-t-il un pays où il n’y a pas de corruption et de détournement ?

K. S. : Il faut limiter les dégâts de ces fléaux. Quand vous faites le classement des pays corrompus et que le Tchad est toujours dans le dernier peloton, je dis que ce pays ne peut pas être émergent. Il faut que les ressources du pays soient utilisées à bon escient pour réellement développer le pays. Le Tchad ne peut pas être un pays émergent. Ils ont dit, en 2025 ? (rires) ! C’est-à-dire dans 15 ans ; non, dans 12 ans ! Ils rêvent. Le système de santé est complètement délabré, le système éducatif également. Comment vous allez changer tout cela en 12 ans ou en 15 ans ou même en 25 ans ? Ce n’est pas possible ! Surtout avec les mêmes pratiques, ce sera peine perdue.

S. : Où se trouve le salut de l’Afrique ?

K. S. : Il faut rappeler la nécessaire solidarité africaine pour aller à l’intégration. Tout ce que nous faisons est du surplace. Chacun se gonfle la poitrine parce qu’il a un peu de pétrole ici, parce qu’il a un peu d’or là-bas ou parce qu’il a un peu de coton par-ci.
Ce n’est pas ainsi que nous allons développer l’Afrique. Il faut une Afrique où il y a plus de concertation, une Afrique avec l’Union africaine dont les pouvoirs doivent être accrus pour qu’on aille vers l’unité. Le salut de l’Afrique se retrouve dans l’unité. Les pays qui ont beaucoup en commun comme les sahéliens pourraient pousser la roue pour qu’on arrive à l’intégration. Il y a certainement des différences, mais il faut les positiver pour en faire des complémentarités.
C’est cela qui fera la force de l’Afrique et des Africains. Il faut beaucoup plus de mouvements entre nous, beaucoup de commerce entre nous et que nos jeunes se connaissent, de plus en plus et tissent des relations. L’émergence de l’Afrique, pour moi, commence par là.

Interview réalisée par
Ali TRAORE
à N’Djamena (Tchad)

traore_ali2005@yahoo.fr
Sidwaya                                                              Le Faso


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