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TCHAD

Tchad : la santé mentale, une crise silencieuse encore négligée


Alwihda Info | Par Gloria Ronel - 5 Décembre 2025



Au Tchad, la santé mentale demeure un sujet sensible et préoccupant. Selon les registres de N’Djamena, les jeunes âgés de 19 à 30 ans représentent près de 38,7 % des cas recensés, soit 732 personnes touchées, soulignant l'urgence d'améliorer la prévention et la prise en charge.

En 2025, des données régionales sur la santé mentale au Tchad, datées du 07 au 27 juillet 2025, montrent des défis majeurs liés à la prise en charge de 420 patients dans les services de santé mentale des provinces, dont 296 dans le Ouaddaï, 38 dans le Wadi-Fira et 86 dans le Sila.

D’après la même source, le nombre de personnes ayant des problèmes de santé mentale et de soutien psychosocial pris en charge a atteint 1 034 durant la même période. Ces rapports révèlent également que 9 % des personnes déplacées et 15 % des personnes handicapées souffrent de santé mentale.

Les enfants et les femmes sont particulièrement vulnérables, car ils sont souvent affectés par la violence. Chaque 10 octobre, le monde commémore la Journée mondiale de la santé mentale, pour sensibiliser la population, briser les préjugés et encourager des politiques publiques pour des réalisations concrètes en faveur des personnes malades, mais au Tchad les défis restent majeurs.

Des organisations internationales comme l'OMS et l'Union européenne soutiennent les efforts du gouvernement tchadien pour renforcer les services et développer des stratégies et approches pour intégrer la santé mentale dans les programmes nationaux et les soins d'urgence, mais la réalité est triste.

A Ndjamena la capitale tchadienne, l’on constate certaines scènes désolantes, tel que des hommes qui parlent seuls dans les rues, certains sont à moitié nus et d’autres carrément nus. En effet, beaucoup de personnes souffrent de troubles mentaux, mais sont abandonnés à leur triste sort. Certains pères de famille dépassés par les charges préfèrent trouver refuge dans les débits de boisson au point d’en perdre la tête.

Selon Dr Achille Nguimfak, expert en santé mentale, cette situation se justifie par la crise socio-économique que traverse le pays et qui impacte des vies. Il soutient que, la santé mentale reste critique au Tchad en raison de divers défis tels que le manque de financement, la stigmatisation sociale et l'absence de structures et de personnel qualifié. Des facteurs comme la pauvreté, la violence, les conflits et les environnements familiaux difficiles exacerbent les problèmes de santé mentale, avec des conséquences particulièrement graves pour les femmes, les enfants, martèle-t-il.

Dr Achille Nguimfak d’ajouter que : « les troubles mentaux continuent à être considérés comme une malédiction perpétuelle qui affecte non seulement l’individu, mais toute sa famille, voire la communauté. Raison pour laquelle, les personnes souffrant de troubles mentaux sont souvent laissées entre les mains des marabouts, guérisseurs traditionnels, isolées, enchainées et renfermées pendant des années par leurs familles résignées à ne pas voir une amélioration dans la santé de leurs proches ».

De l’avis de l’expert, il existe un besoin criant de structures d'accueil et de soins adaptés. L’accès aux soins est aussi limité. Selon lui, le retard de diagnostic est souvent lié à la stigmatisation et au manque d'informations sur les troubles mentaux. Face à cette situation, Dr Achille Nguimfak, suggère l’intégration des services de soutien psychosocial et les soins psychiatriques dans les structures de santé existantes.

Il interpelle les autorités, les médias, les professionnels de la santé et les organisations de la société civile à renforcer la prévention, à améliorer la prise en charge et à lutter contre la stigmatisation qui entoure encore les troubles mentaux, afin d’encourager les politiques publiques concrètes et les prises en charge.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)