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TCHAD

​Tchad : un policier détaché à l’ANATS arrêté par les services de renseignements


Alwihda Info | Par Djimet Wiche - 20 Décembre 2025



Le policier Youssouf Ahmat Allatchi, détaché à la direction générale de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANATS), a été arrêté le 26 novembre 2025 dans les locaux de cette institution par des agents des services de renseignements. L’information, apprise de sources internes à l’ANATS, a été confirmée par ses proches.

Les raisons de son arrestation, intervenue au sein d’une structure étatique chargée de la production, de la gestion et de la sécurisation des documents officiels, demeurent inconnues. Selon sa famille, contactée par Alwihda Infos, Youssouf Ahmat Allatchi aurait été piégé :
« Le 26 novembre 2025, aux alentours de 18 heures, il a été contacté par sa hiérarchie sous prétexte d’une promotion. Il a été arrêté vers 19 heures dans les locaux de l’ANATS, puis conduit vers une destination inconnue », expliquent ses proches.

Policier de profession, diplômé de l’École nationale de police en 2009, Youssouf Ahmat Allatchi servait l’État tchadien depuis 16 ans, avec le grade de Gardien de la paix (GPX).

Cette arrestation intervient dans un contexte de multiplication des interpellations de fonctionnaires. Début décembre, 25 agents de l’État, dont le directeur de cabinet du ministère des Transports, de l’Aviation civile et de la Météorologie, Hassan Moussa Ali, ancien journaliste et collaborateur de Tchadinfos, ont été arrêtés par l’Agence nationale de sécurité de l’État (ANSE). Ils sont soupçonnés d’avoir transmis le projet de budget de l’exercice 2026 au média Tchad One. Aucune communication officielle n’a toutefois été faite pour justifier ces arrestations.

Ces derniers mois, la multiplication des disparitions d’opposants, de militants associatifs, d’acteurs économiques, de policiers, de militaires et de simples citoyens alimente un climat de peur à N’Djamena.

Outre les enlèvements ciblant des défenseurs des droits humains, des journalistes et des acteurs de la société civile — majoritairement attribués à l’ANSE et à la Direction générale des renseignements et des investigations (DGRI) — les autorités tchadiennes restreignent les libertés fondamentales. Les manifestations sont interdites ou violemment réprimées, tandis que des associations ont récemment été dissoutes. À l’inverse, les marches organisées par des partis politiques ou des organisations proches du pouvoir sont autorisées et encadrées par les forces de sécurité.

Ces pratiques sont en contradiction avec les engagements régionaux et internationaux du Tchad en matière de droits humains et compromettent les perspectives d’une sortie de crise fondée sur l’État de droit.

Dans une déclaration publiée le 10 septembre 2024, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dénonçait déjà une « recrudescence des arrestations arbitraires et des détentions au secret par les services de renseignement au Tchad », évoquant l’existence d’un « système parallèle opérant en dehors du cadre légal », privant les personnes arrêtées de toute garantie juridique.

Les ressortissants étrangers ne sont pas épargnés. Le 19 septembre, l’influenceur russe Maksim Shugaley, proche des réseaux Wagner, a été détenu avec deux autres citoyens russes et un ressortissant biélorusse, malgré les démarches diplomatiques entreprises par Moscou. Ils n’ont recouvré leur liberté qu’après plusieurs mois de détention.

Selon une source gouvernementale, ces opérations seraient menées par les « services spéciaux », en référence à l’ANSE et à la DGRI, deux structures directement placées sous l’autorité de la Présidence, face auxquelles le gouvernement apparaîtrait largement impuissant.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)