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ANALYSE

Economie : La mécanique à perdre ou pourquoi les pays africains restent toujours sous développés ?


Alwihda Info | Par Prince Magloire LAMINE - 17 Mai 2013



Economie : La mécanique à perdre ou pourquoi les pays africains restent toujours sous développés ?
Par Magloire LAMINE

Ces dernières années, certains pays affichaient des taux de croissance économique grimpant même jusqu’à 15%/an. Le Kenya par exemple.

Mais ceci ne se traduisait pas concrètement dans la richesse de l’économie des pays.

Cela peut sembler très étrange qu’un pays puisse afficher en chiffres un dynamisme économique sans que personne n’en voit trace dans l’enrichissement local.L’explication, sans entrer dans des calculs économétriques compliqués, c’est en réalité très simple à comprendre.Tout vient de la monnaie ou presque.Si on ne s’en tient qu’à la zone CFA, pour par exemple 100 F investi par comme on dit au pays un opérateur économique, et rapportant en bénéfice net 20 F, se pose très vite ensuite le problème de la valeur de ces 20 F.
Les 20 F ce n’est que de la ferraille ou un bout de papier.

Car comme dit, une monnaie n’est qu’une valeur fictive qui ne vautque pour ce qu’elle peut rapporter en contre valeur réelle (biens, équipements, nourriture, loisir etc..) Et devant se concrétiser dans le réel en terme de ‘valeur’ d’achat.

Si un an plus tôt, ces 20 F permettait de s’acheter un bout de pain, et que une année plus tard, ils ne peuvent plus acheter que la moitié de ce bout de pain, on réalise très concrètement que la ‘valeur’ de ces 20 F s’est érodée de 50%.

Ces 20 F finalement en pouvoir d’achat ne valent plus que 10.

Et ceci est une mécanique d’érosion valorielle en Afrique, que les calculs statistiques de l’inflation, basés sur des procédures occidentales ne prennent pas en compte.

Pour que l’outil statistique soit crédible, il faudrait que chaque jour des agents aillent partout recueillir des informations sur les flux commerciaux, les mouvements de prix etc…. Nous savons tous que ce n’est pas la réalité.

Car pour donner crédibilité à ces calculs, il est capital de savoir ce que l’on met dans le panier pour estimer le qui du quoi.

Un exemple, il y a un an, les prix de la viande boeuf avaient drastiquement flambés à Bangui, et en final, ce fut effacé dans le calcul global du taux d’inflation en Centrafrique.

Sur la base de quoi estime-t’on en Afrique, majoritairement en économie informelle le niveau de l’inflation ou de la croissance ?

L’économie informelle n’est jamais prise en compte dans les calculs statistiques économiques. Les grosses têtes de l’économie n’intègrent jamais le travail des vendeuses de makaras sur les marchés ou les vendeurs à la sauvette de fruits à Bouar…Et pourtant.

Ce qui en final se traduit par des chiffres à 90% faux, ne reproduisant en chiffres nullement la réalité.
Par ailleurs se pose la difficulté d’investissement.

Pour s’offrir avec ces 20 F de bénéfice un produit manufacturé, en général pas produit localement. Que se passe-t’il ?

D’emblée, c’est insuffisant pour s’acheter quoique ce soit. Trop cher.

Ce qui amène la personne à entrer dans un mécanisme très pervers.

Ces 20 F vont servir de caution-garanti pour en emprunter 100 afin de s’acheter le dit produit manufacturé.
Et comme la banque ne prête pas gratuitement, disons que pour 100 F emprunté il faudra remboursé 120, on se rend vite compte que, les 20 F de bénéfice né de la richesse du travail économique de départ, finissent aspirés par le coût de l’emprunt.

Conclusion, la personne aura travaillé pour enrichir la banque, tout en s’appauvrissant.

Vice suprême, la banque elle n’a pas l’argent qu’elle a prêté. C’est fictif.

Car c’est parce que l’emprunteur voulait avoir 100 F de prêt que cet argent a été créé.

Voilà l’explication de l’annulation systématique du fruit de la croissance des pays africains.

L’exemple du petit emprunteur de 100 F, il suffit de l’extrapoler à un pays pour tout comprendre.

Bilan ?

Plus un pays africain crée de la richesse intérieure et plus il s’appauvrit du fait des mécanismes de fonctionnement des banques.

Comment sortir de ce cercle infernal ?

Si on est drastique, on dira qu’il faut vivre en autarcie en cessant d’acheter des produits manufacturés que nous ne produisons pas.

A l’évidence, on ne tiendra pas longtemps comme ça, ne serait-ce que socialement et politiquement parlant.
Les gens veulent avoir le dernier portable Samsung dernier cri, le poste de TV à la mode, la voiture enviée, le pagne Wax etc….Vous aurez tout un peuple contre vous en allant dans cette direction.

Dès lors, une seule solution, d’ailleurs mettant le doigt dans la plaie des carences des économies africaines, à savoir, et c’est une règle :

NE JAMAIS EXPORTER DES PRODUITS BRUTS.

Mais les transformer préalablement localement.

Le diamant centrafricain par exemple, qui à quasiment 95% s’exporte brut, prend hors des frontières une plus value hors normes.

Entre un diamant non taillé et un diamant taillé, l’écart de valeur est deprès de 300%, sans compter le fait que le tailler sur place préalablement à l’exportation créée de l’emploi.

Mais les exemples les plus comiques sont à trouver dans l’agro-alimentaire.

Un pays africain habituellement producteur de cacao, se trouve par la suite être importateur de chocolat. Une totale absurdité.
Simplement parce que la torréfaction du cacao et sa transformation en chocolat ne se fait pas sur place.
En économie, on parle de M1 matière première brute, de M2 matière semi-transformée, et de M3 matière transformée et mise sur le marché.

Et les échecs des économies africaines bien évidemment se situent au niveau de M2 et de M3.
En élargissant, les pays pétroliers du golfe persique, baignant dans le pétrole, sont budgétairement déficitaires. Qui l’eut cru ?

Le Qatar que l’on croit milliardaire parmi les milliardaires est un pays en déficit. Malgré son abondance de pétrole.

Raison à cela, encore l’absence de maitrise du M2 et du M3.

La richesse affichée de ces pays, Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, etc, n’est que poudre aux yeux. Ils sont tous dans des mécanismes d’emprunts sans fin.

Le schéma de la richesse apparente est celui d’une trilogie. J’emprunte à A, je dépense l’argent et au-delà de mes possibilités de remboursement, ce qui me pousse à emprunter à B pour rembourser A. Mais, entre temps, je manque de liquidité. Ce qui me pousse de nouveau à emprunter à un autre, C.

A, mon prêteur premier, étant en confiance, du coup, il peut élargir ma surface financière, et la mécanique recommence.

Mais à jouer à ce petit jeu, mon pays affichera de la croissance apparente, le cas de tous ces pays arabes, mais pas de développement économique.

Phénomène bien plus complexe et tout autant simple, demandant l’obligation de maîtriser M1, M2 et M3.
Tout autre processus ne serait que fatuité.
J’ai essayé de faire simple là pour bien faire comprendre à tous, dans quelles difficultés la Centrafrique est, quasiment depuis sa naissance.

Le Nigeria, le Cameroun, le Gabon, le Congo, le Tchad, l’Angola, des pays producteurs de la manne pétrolière, et pourtant, toujours sous-développés.

Explication ?

Relisez au dessus

Car il n’existe pas d’autres explications pour comprendre la résilience de l’Afrique subsaharienne dans sa faiblesse face à l’économie mondiale.

Magloire LAMINE

Observatoire Centrafricain Economique Et Social
https://www.facebook.com/observatoirecentrafricain



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