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ANALYSE

France-Afrique : partenariat et non servilité


Alwihda Info | Par Cyril BAKANAWA, observateur de la vie politique. - 1 Décembre 2014


La marche de l'Afrique vers la démocratie et le développement se fera forcément avec ses partenaires. Mais, il n’est pas certain que cette marche réussisse sous l'ordre et la dictée de ces derniers.La sortie de route médiatique de François Hollande, le 27 novembre 2014 participe de ce diktat des temps jadis qui infantilise les Africains et n’augure pas d’une coopération d’égal à égal entre des pays souverains


France-Afrique :  partenariat et non servilité
Les occidentaux voient d’un mauvais œil l’accélération de la présence chinoise en Afrique. Ils disent tout le mal qu’ils pensent de cette coopération, sans que les Africains ne renient leurs anciens partenaires. Cependant, le hic c’est que les occidentaux n’ont pas l’intention de laisser aux Africains l’initiative de leurs politiques intérieures, contrairement aux Chinois qui, eux, se contentent du bénéfice de la coopération avec l’Afrique.

En effet, le refrain de François Hollande sur un ton martial, en rapport avec le respect de l'ordre constitutionnel en Afrique, apparaît, on ne peu plus indigeste, tant il se prend pour un donneur de leçons, mieux pour un commandant en chef de l'Afrique.

Cette colonisation cousue de fil blanc n'est plus tolérable. Alors que les Africains, dont Denis Sassou N’Guesso, estiment que l’Afrique et l’Europe sont « deux forces qui devraient se mettre ensemble pour avancer », François Hollande, lui, au nom de la Françafrique qu’il a, déclaratoirement, tuée, soutient au contraire que «l’Afrique a besoin de la France ».

C’est indubitablement sur cette base, que le président français prend les libertés de parler aux chefs d’Etat africains comme à ses élèves, s’érigeant en directeur de consciences, quand sur son territoire, il n’avance guère vers aucun changement, sans interférence extérieure. Il a, d’ailleurs très mal pris la demande de la Commission de l’Union Européenne à son gouvernement sur ses capacités à juguler le déficit.

Justement, parce que l’Afrique apparaît comme le refuge de son échec intérieur, il a préféré abordé son sujet préféré : le respect de l'ordre constitutionnel par les chefs d'Etats africains, au lieu de donner des pistes de solutions qui le conduiraient à infléchir la courbe du chômage dans son pays.

Dans ses propos, empreints de colonialisme et teintés d'hégémonie, le président français, en baisse drastique de popularité sur son territoire, semble plutôt s'octroyer une légitimité particulière, en lieu et place des peuples africains, dont il montre la bonne voie à suivre.

Il est vrai que les gouvernants français n’ont jamais considéré l’Afrique autrement que comme leur marche pied, sauf que François Hollande se montre trop zélé. Son zèle, caractérisé par un manque d’élégance diplomatique est tellement consternant que le monde du XXI ème siècle n’autorise plus ce genre de comportements irrespectueux.

Universalité et non uniformité

La globalisation n’a pas, hélas, effacé la souveraineté des Etats, encore moins les frontières. Puisque, par exemple, l’accès au territoire français est conditionné par un visa qu’on n’obtient pas simplement pour l’avoir demandé.De la même manière, la démocratie au nom de laquelle François Hollande peut s’arroger tous les droits sur les Africains est universelle. Mais elle n’est jamais uniforme. Pour preuve, la France n’a pas un même régime politique que celui de l’Allemagne, où Angela Merkel est à son troisième mandat.

La démocratie française que François Hollande veut transformer en une goutte d’huile sur les pays africains n’est pourtant pas identique à celle de la Grande Bretagne ou celle de la Belgique où des monarques coexistent avec premiers ministres exécutifs. En fait, François Hollande revendique implicitement la révolution burkinabé, à juste titre. Parce que, personne n’est dupe pour ne pas savoir qu’au-delà du soulèvement populaire du peuple burkinabè, la main de la France et/ou celle des USA n’y sont jamais bien trop loin

Car, il est de notoriété internationale que ces sapeurs pompiers pyromanes sont les vrais actionnaires des révolutions qui ont brûlé le monde ces dernières années. Leur stratégie est simple, créer à tout prix le besoin et les prétextes de révolutions, trouver des valets locaux, et allumer la mèche. Puis le moment venu, de concert avec leurs médias, ils cristallisent des concepts révolutionnaires du genre, printemps noir, pour pousser par tous les moyens, les pays africains à l'embrasement.

A peine ont-il brûlé Tripoli, abattu Kadhafi comme un chien et sans procès, après avoir ouvert une boite de pandore en Irak, sans se préoccuper des dégâts, aujourd'hui, inimaginables, les mêmes démocrates occidentaux, dont François Hollande a choisi de prendre la direction, comme figure de proue, formatent la mémoire des africains pour espérer voir ces peuples se mettre dans la rue.

Ainsi, aucun jour ne passe sans que certains pays africains ou leurs dirigeants ne fassent la « Une » des journaux français, notamment avec pour objectif de les diaboliser et les honnir auprès de leurs peuples. C’est donc, quotidiennement, une pression révoltante venant de Paris, où Hollande parle plus de la vie des Africains que de celle de ses compatriotes qui ont tant besoin de son action et apporte des effets concrets et bénéfiques sur leur vie de tous les jours.

Hélas leur président dont la notoriété de l’incompétence a poussé bon nombre de ses compatriotes entre les mains du Front national, est plus inspiré à écouter et régler les problèmes des Africains que ceux des français qui l’ont élu. Il parle du peuple africain comme s’il en fait partie .

Pour détourner l’attention de ses compatriotes sur leurs préoccupations insolubles, le président français trouve, chaque fois, qu’un rapport sur l'économie française est en voix d'être publié, un sujet hors de ses frontières, souvent africain, pour s'en servir comme un écran de fumée ou un tremplin de diversion.

Démocratie de l’injonction

En République du Congo par exemple, le débat sur le changement ou non de la constitution a débuté il y a belle lurette. Il se poursuit en tout décontraction. Alors que, la plupart des partis, ceux de l'opposition y compris, parlent de consensus et de dialogue, Hollande qui est plus congolais que les congolais dicte des voies à suivre depuis Paris, tel un pontife.

Les peuples africains sont assez mûrs pour confier leur sort à un président français, qui ne récolte que 10 pour cent d'opinion favorable dans son pays. Et, si cette réalité était en Afrique, Hollande allait certainement directement demander à ce chef d’Etat de démissionner, au nom du peuple de ce pays.

En somme, la démocratie de l'invective et d’injonction dont fait montre Hollande n'est pas l'exigence des peuples africains. Disons, simplement et gentiment à Hollande que le statut de colon du 21ème siècle ne sied pas à François Hollande.

Ce que les Africains n’oublient pas c’est que « les Occidentaux ne viennent pas pour nous aider mais pour nous voler. Les entreprises européennes nous font des propositions, nous les analysons, lorsque nous avons accepté, ils nous tendent un piège sans aller au bout de leur contrat. Pour finir, ils nous traînent devant les tribunaux internationaux », dixit le président guinéen, Obiang Nguema dans une interview parue en juin 2014 dans le journal Le Messager










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