L’origine de ces sculptures remonte à l’époque coloniale française, période durant laquelle l'urbanisme importait des symboles étrangers, souvent tirés de l’imaginaire maritime de la métropole.
Ces dauphins n’ont jamais été conçues pour incarner l’identité tchadienne, encore moins pour s'inscrire dans la réalité culturelle, historique ou géographique du pays. Aujourd’hui, elles apparaissent comme un décor absurde, un ornement déconnecté des réalités locales.
Pour la jeunesse de N’Djamena, ces dauphins sont un non-sens visuel. Elles ne racontent ni une légende locale, ni une page d’histoire nationale, ni une valeur collective. Elles ne renvoient pas aux fleuves Chari et Logone, ni aux riches traditions sahéliennes.
Dans un pays où les marqueurs culturels et identitaires sont essentiels à la construction citoyenne, ce décalage devient presque le symbole d’une infrastructure héritée qui ne reflète pas les aspirations contemporaines.
Le débat n’est pas seulement esthétique, il est fondamentalement lié au sens, à l’identité et à la mémoire collective.
Les municipalités africaines, y compris N’Djamena, sont appelées à redéfinir leur identité visuelle. Le rond-point de la mairie centrale, un espace emblématique, mérite une œuvre qui raconte l'histoire du Tchad, de ses peuples, de sa faune, ou de sa résilience.
Plusieurs alternatives à forte valeur identitaire pourraient être envisagées :
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Une sculpture du bœuf Kouri, figure emblématique du Lac Tchad.
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Une représentation du cavalier sahélien, symbole des royaumes anciens.
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Une œuvre contemporaine rendant hommage aux artisans, aux femmes des marchés, ou aux forces vives de la ville.
Remplacer ces dauphins, ce n’est pas effacer l’histoire ; c’est donner à la ville l'opportunité de se réapproprier son propre récit et d'offrir à ses habitants une symbolique urbaine qui leur parle véritablement.
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N'Djamena : Que font des dauphins au cœur du Sahel ?








