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Nigeria: Trois nouvelles villes tombées entre les mains de Boko Haram


Alwihda Info | Par Libération - 14 Novembre 2014


Des sources concordantes ont indiqué qu'ils s'étaient également emparés de Chibok, la ville où ont été enlevées plus de 200 lycéennes en avril. «Chibok a été prise par Boko Haram»,


Les islamistes ont pris le contrôle de Hong, Gombi et Chibok, se rapprochant ainsi de la capitale de l’Etat d’Adamawa, au nord-est du Nigeria. Des milices locales les ont en revanche chassé de Mubi, où ils avaient tenté d'instaurer la charia.

Des centaines de combattants de Boko Haram se sont emparés jeudi de trois villes du nord-est du Nigeria, après avoir été repoussés d’une des plus grandes villes de cet Etat par des milices locales, ont rapporté des habitants. Les islamistes ont pris le contrôle de Hong et de Gombi, se rapprochant ainsi de Yola, la capitale de l’Etat, à une centaine de kilomètres de là, après avoir été chassés de Mubi, le carrefour commercial de cette région, qu’ils avaient pris il y a deux semaines.

Des sources concordantes ont indiqué qu'ils s'étaient également emparés de Chibok, la ville où ont été enlevées plus de 200 lycéennes en avril. «Chibok a été prise par Boko Haram», a déclaré à l’AFP le pasteur Enoch Mark, dont la fille et la nièce font partie des 219 lycéennes toujours aux mains des insurgés. Selon ce pasteur et Ali Ndume, sénateur de la région, [l’attaque]mail: de cette ville de l’Etat de Borno a eu lieu jeudi vers 16heures (même heure en France). Tous les pylônes de télécommunications ont été détruits, ont-ils rapporté, et la population s’est enfuie dans la brousse.

Le sénateur Ndume a dit avoir reçu des appels d’habitants de Chibok en fuite, lui affirmant que la ville était maintenant sous le contrôle des islamistes. «Il n’y a plus de lignes téléphoniques à Chibok, c’est pour ça que ces nouvelles ont mis du temps à me parvenir», a-t-il expliqué.

Les combattants de Boko Haram ont attaqué le lycée public pour filles de Chibok le 14 avril, y enlevant 276 lycéennes. Cinquante-sept d’entre elles ont réussi à s’enfuir le soir même ou dans les jours qui ont suivi. Ce rapt avait provoqué une vague d’indignation à travers le monde. Les autorités nigérianes ont affirmé en octobre avoir conclu un accord de cessez-le-feu avec Boko Haram, prévoyant la libération des otages de Chibok. Mais le chef du groupe armé, Abubakar Shekau, a démenti tout accord avec le gouvernement et a déclaré avoir mis à exécution sa menace de marier les otages. Selon lui, elles ont toutes été converties à l’islam.

Communications coupées

Lors de l’assaut de jeudi, il y a eu des échanges de tirs entre les islamistes et les soldats, soutenus par des milices locales, selon Enoch Mark. «Certains d’entre nous ont réussi à fuir, tous les pylônes de télécommunications ont été détruits pendant l’attaque avec des roquettes», a-t-il expliqué.

Le gouvernement nigérian a été pointé du doigt pour avoir mis plusieurs jours à réagir après l’enlèvement des lycéennes de Chibok, et pour n’avoir jamais été sur place exprimer son soutien aux familles des victimes. Plus largement, il est très critiqué pour n’avoir pas su mettre un terme à l’insurrection islamiste, qui a déjà fait 10 000 morts en cinq ans.

Boko Haram, qui s’est emparé de plus d’une vingtaine de villes et villages de l’Adamawa et des Etats voisins de Yobe et Borno, ces derniers mois, dit y avoir créé un «califat islamique». A Mubi, qui avait été rebaptisée Madinatul Islam, «la ville de l’Islam», le groupe avait commencé à administrer les chatiments prévus par la charia, la loi islamique, tranchant les mains des voleurs présumés, notamment, selon des témoignages d’habitants.

Des milliers d’habitants ayant fui Mubi et d’autres villes des alentours se trouvent désormais dans des camps pour déplacés en périphérie de Yola, la capitale, dont les islamistes se rapprochent. Les Civilian JTF, ces milices de jeunes qui combattent aux côtés de l’armée, auraient d’abord repris Maiha, une ville proche de Mubi, mercredi, au terme d’une longue bataille qui aurait fait de très nombreux morts parmi les insurgés, mais cela n’a pas été confirmé par les autorités nigérianes pour le moment.

Arcs, flèches et machettes

Chibado Bobi, le directeur de cabinet du gouverneur de l’Adamawa, a cependant confirmé que Mubi avait été reprise des mains des islamistes par des milices privées et des chasseurs. «Il est vrai que Mubi est à nouveau aux mains de l’armée nigériane, grâce à l’aide des milices locales et des chasseurs», a-t-il déclaré. Un habitant de Mubi dit avoir vu quelques 200 miliciens et chasseurs armés d’arcs, de flèches, de machettes, de bâtons et de fusils fabriqués à la main.

«J’ai vu les combattants de Boko Haram fuir à bord de leurs véhicules quand les chasseurs et les miliciens sont entrés dans la ville», a-t-il ajouté. A Gombi, selon Haruna Awwalu, un habitant, Boko Haram patrouille dans les rues et tire à l’arme lourde. «Ils ont brulé le poste de police, le siège de l’administration et le marché», a-t-il précisé. Rabi Tanimu, un autre témoin, rapporte que les habitants se sont enfermés chez eux ou ont fui dans la brousse.

A Hong, à 20 kilomètres de Gombi, selon plusieurs témoignages, le commissariat de police a aussi été détruit et les insurgés ont hissé leur drapeau noir sur la résidence d’un général à la retraite.
AFP



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