« La lutte contre le paludisme ne se limite pas à soigner les malades. Elle commence par l’information et la prévention », explique le Dr Mahamat Ousmane, médecin au Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). « Lorsque les populations comprennent l’importance d’utiliser la moustiquaire et d’assainir leur cadre de vie, le nombre de cas diminue considérablement. »
Dans les quartiers périphériques de N’Djamena, des campagnes communautaires se multiplient. L’infirmière Hapsita Adam, très impliquée dans ces actions, insiste sur l’importance de l’éducation sanitaire : « Nous allons de maison en maison pour expliquer aux familles que le paludisme n’est pas une fatalité. Beaucoup pensent encore qu’il s’agit d’une maladie inévitable liée à la saison des pluies. Nous leur montrons que dormir sous une moustiquaire imprégnée, couvrir les jarres d’eau et consulter rapidement un centre de santé peuvent sauver des vies. »
En parallèle, des équipes d’agents sanitaires procèdent régulièrement à la pulvérisation des habitations et des zones à risque. Cette opération, appelée localement « pompage », vise à détruire les gîtes larvaires et à réduire la présence des moustiques vecteurs. « La pulvérisation est une mesure complémentaire à la distribution des moustiquaires. Elle permet de diminuer la densité des moustiques, surtout pendant la saison des pluies », souligne un agent sanitaire.
Les leaders religieux et traditionnels participent également à l’effort de sensibilisation. « Quand l’imam ou le chef de quartier parle du paludisme, les habitants écoutent et appliquent les conseils », témoigne Amina Djibrine, volontaire d’une ONG locale.
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles demeurent : manque de moustiquaires dans certaines zones reculées, recours fréquent aux remèdes traditionnels et consultations tardives entraînant parfois des complications fatales. Conscients de ces réalités, les acteurs de santé publique appellent à renforcer encore la sensibilisation, notamment via les radios communautaires et les réseaux sociaux. « Le paludisme est évitable et guérissable. Mais pour gagner cette bataille, chacun doit être acteur de sa propre protection », rappelle le Dr Ousmane.
Stratégies et actions récentes
Pour contrer le fléau, des mesures d'envergure ont été mises en place :
- En mars 2025, une grande campagne nationale a été lancée, combinant la distribution de moustiquaires imprégnées, la sensibilisation et l’amélioration du diagnostic et du traitement.
- En avril 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, le ministère de la Santé a réaffirmé l’objectif d’éliminer la maladie d’ici 2030.
- En mai 2025, plusieurs ateliers de formation ont été organisés pour renforcer les compétences des agents de santé et introduire le Traitement Préventif Intermittent (TPI) communautaire, destiné en priorité aux femmes enceintes.