
Des manifestants à Paris, en France, brandissent des drapeaux tchadiens lors d'une manifestation pour la liberation de Succès Masra le 31 mai 2025. © 2025 Umit Donmez /Anadolu via AFP
La condamnation et la peine de 20 ans d'emprisonnement prononcés le 9 août 2025 à l'encontre de Succès Masra, dirigeant du principal parti d'opposition tchadien, sont l'aboutissement d'un procès fondé sur des accusations à caractère politique, a déclaré Human Rights Watch.
Succès Masra, l’ancien Premier ministre, est un fervent détracteur du président Mahamat Idriss Déby. Le tribunal pénal de N'Djamena l’a reconnu coupable de « diffusion de message[s] à caractère haineux et xénophobe » et de « complicité de meurtre » lié à un conflit intercommunautaire.
« La peine infligée à Succès Masra envoie un message effrayant aux détracteurs du gouvernement et illustre l'intolérance du gouvernement tchadien à l'égard des critiques et des partis politiques d'opposition », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les tribunaux ne devraient pas être utilisés à de telles fins politiques. »
Succès Masra a été arrêté le 16 mai et accusé d'incitation à la haine et à la révolte, à travers des publications sur les réseaux sociaux après que des affrontements intercommunautaires ont fait 42 morts le 14 mai à Mandakao, dans la province du Logone Occidental, située dans le sud-ouest du pays. Human Rights Watch n'a pas encore pu voir le jugement du tribunal, mais s'est entretenu avec des personnes qui ont assisté au procès, notamment certains des avocats de l’opposant politique.
Si les affrontements entre éleveurs et agriculteurs sont fréquents dans le sud du Tchad, les violences intercommunautaires se sont intensifiées ces dernières années, faisant de nombreux morts. Succès Masra, qui a plaidé non coupable, a été jugé aux côtés de 74 autres personnes, tous accusés de collaboration dans les tueries de Mandakao. Au moins neuf des coaccusés ont été libérés, mais les autres ont également été condamnés à 20 ans de prison.
Le tribunal a également infligé une amende d'un milliard de francs CFA à l’opposant politique et à ses coaccusés. Les avocats de Succès Masra et des autres accusés ont annoncé leur intention de faire appel devant la Cour suprême. La condamnation de Succès Masra intervient dans un contexte de rétrécissement de l'espace politique au Tchad. Lui et les partisans de son parti d'opposition, Les Transformateurs, ont été victimes de menaces avant les élections présidentielles de mai 2024, lors desquelles il s'était présenté contre Mahamat Idriss Déby, alors président de la transition.
La période précédant les élections a été marquée par des violences. Le 28 février 2024, les forces de sécurité gouvernementales ont tué Yaya Dillo, le président du Parti socialiste sans frontières (PSF), lors d'une attaque contre le siège du parti à N'Djamena. Plus d'un an après, les autorités n'ont toujours pas clarifié les circonstances de sa mort.
La violence politique est en hausse depuis 2021, lorsque les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force, y compris en utilisant des balles réelles, et ont tiré sans discernement pour disperser les manifestations organisées par l'opposition dans tout le pays. Plusieurs manifestants ont été tués. Les autorités ont arrêté des activistes et des membres de partis d'opposition, et les forces de sécurité ont frappé des journalistes qui couvraient les manifestations. La violence a atteint son paroxysme le 20 octobre 2022, lorsque les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant et blessant des dizaines d'entre eux, et ont frappé et pourchassé des personnes jusque dans leurs maisons.
Les manifestations avaient été organisées pour marquer la date à laquelle l'administration militaire, au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby Itno (père de l’actuel président), le 20 avril 2021, avait initialement promis de restituer le pouvoir à un gouvernement civil. Des centaines d'hommes et de garçons ont été arrêtés, et beaucoup ont été emmenés à Koro Toro, une prison de haute sécurité située à 600 kilomètres de N'Djamena.
Plusieurs détenus sont morts en route pour Koro Toro, où les manifestants ont subi d'autres abus. Succès Masra a fui le pays après les violences d'octobre 2022, mais il est revenu après les efforts de paix régionaux déployés par le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, en sa qualité de facilitateur du processus de transition politique au Tchad pour la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC).
L'accord de Kinshasa qui en a résulté a suspendu le mandat d'arrêt contre Succès Masra et lui a garanti, ainsi qu'à ses partisans, un retour d’exil en toute sécurité. Il a également fourni des garanties juridiques au parti des Transformateurs pour mener librement leurs activités politiques.
À son retour en janvier 2024, l’opposant politique a accepté le poste de premier ministre, mais a démissionné en mai 2024, affirmant que l'élection présidentielle avait été truquée. Le président Félix Tshisekedi et la CEEAC devraient appeler au rétablissement des droits et garanties politiques et au respect intégral de l'accord de Kinshasa, a déclaré Human Rights Watch.
Succès Masra, l’ancien Premier ministre, est un fervent détracteur du président Mahamat Idriss Déby. Le tribunal pénal de N'Djamena l’a reconnu coupable de « diffusion de message[s] à caractère haineux et xénophobe » et de « complicité de meurtre » lié à un conflit intercommunautaire.
« La peine infligée à Succès Masra envoie un message effrayant aux détracteurs du gouvernement et illustre l'intolérance du gouvernement tchadien à l'égard des critiques et des partis politiques d'opposition », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les tribunaux ne devraient pas être utilisés à de telles fins politiques. »
Succès Masra a été arrêté le 16 mai et accusé d'incitation à la haine et à la révolte, à travers des publications sur les réseaux sociaux après que des affrontements intercommunautaires ont fait 42 morts le 14 mai à Mandakao, dans la province du Logone Occidental, située dans le sud-ouest du pays. Human Rights Watch n'a pas encore pu voir le jugement du tribunal, mais s'est entretenu avec des personnes qui ont assisté au procès, notamment certains des avocats de l’opposant politique.
Si les affrontements entre éleveurs et agriculteurs sont fréquents dans le sud du Tchad, les violences intercommunautaires se sont intensifiées ces dernières années, faisant de nombreux morts. Succès Masra, qui a plaidé non coupable, a été jugé aux côtés de 74 autres personnes, tous accusés de collaboration dans les tueries de Mandakao. Au moins neuf des coaccusés ont été libérés, mais les autres ont également été condamnés à 20 ans de prison.
Le tribunal a également infligé une amende d'un milliard de francs CFA à l’opposant politique et à ses coaccusés. Les avocats de Succès Masra et des autres accusés ont annoncé leur intention de faire appel devant la Cour suprême. La condamnation de Succès Masra intervient dans un contexte de rétrécissement de l'espace politique au Tchad. Lui et les partisans de son parti d'opposition, Les Transformateurs, ont été victimes de menaces avant les élections présidentielles de mai 2024, lors desquelles il s'était présenté contre Mahamat Idriss Déby, alors président de la transition.
La période précédant les élections a été marquée par des violences. Le 28 février 2024, les forces de sécurité gouvernementales ont tué Yaya Dillo, le président du Parti socialiste sans frontières (PSF), lors d'une attaque contre le siège du parti à N'Djamena. Plus d'un an après, les autorités n'ont toujours pas clarifié les circonstances de sa mort.
La violence politique est en hausse depuis 2021, lorsque les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force, y compris en utilisant des balles réelles, et ont tiré sans discernement pour disperser les manifestations organisées par l'opposition dans tout le pays. Plusieurs manifestants ont été tués. Les autorités ont arrêté des activistes et des membres de partis d'opposition, et les forces de sécurité ont frappé des journalistes qui couvraient les manifestations. La violence a atteint son paroxysme le 20 octobre 2022, lorsque les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant et blessant des dizaines d'entre eux, et ont frappé et pourchassé des personnes jusque dans leurs maisons.
Les manifestations avaient été organisées pour marquer la date à laquelle l'administration militaire, au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby Itno (père de l’actuel président), le 20 avril 2021, avait initialement promis de restituer le pouvoir à un gouvernement civil. Des centaines d'hommes et de garçons ont été arrêtés, et beaucoup ont été emmenés à Koro Toro, une prison de haute sécurité située à 600 kilomètres de N'Djamena.
Plusieurs détenus sont morts en route pour Koro Toro, où les manifestants ont subi d'autres abus. Succès Masra a fui le pays après les violences d'octobre 2022, mais il est revenu après les efforts de paix régionaux déployés par le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, en sa qualité de facilitateur du processus de transition politique au Tchad pour la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC).
L'accord de Kinshasa qui en a résulté a suspendu le mandat d'arrêt contre Succès Masra et lui a garanti, ainsi qu'à ses partisans, un retour d’exil en toute sécurité. Il a également fourni des garanties juridiques au parti des Transformateurs pour mener librement leurs activités politiques.
À son retour en janvier 2024, l’opposant politique a accepté le poste de premier ministre, mais a démissionné en mai 2024, affirmant que l'élection présidentielle avait été truquée. Le président Félix Tshisekedi et la CEEAC devraient appeler au rétablissement des droits et garanties politiques et au respect intégral de l'accord de Kinshasa, a déclaré Human Rights Watch.