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TCHAD

Tchad : comment briser le silence sur les viols répétitifs ?


Alwihda Info | Par Ali Moussa - 3 Juin 2021


Dans le pays, malgré les dispositions contraignantes du code pénal, les violences sexuelles continuent de ternir l’image de la société tchadienne


DR. Jerôme Delay/AP/SIPA
DR. Jerôme Delay/AP/SIPA
Le lexique des termes juridiques définit le viol comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, menace ou surprise. L’état vulnérable de la personne (grossesse, maladie, infirmité, déficience mentale), la minorité de 15 ans de la victime, la menace par arme, la commission en réunion, la qualité d’ascendant de la victime, la survenance d’une infirmité permanente ou d’une mutilation, constituent des circonstances aggravantes.

Le code pénal tchadien en son article 349 stipule que : « constitue un viol, et puni de 8 à 15 ans, tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit commis sur la personne d’autrui par violence ». La tentative de viol est punie de la même peine prévue à l’alinéa 1 ci-dessus. Et le selon l’article 350 du même code « la peine est un emprisonnement de 10 à 20 ans (…) en fonction des circonstances de viol ».
Fort de ce constat, et malgré les dispositions contraignantes, les violeurs continuent de ternir l’image de la société tchadienne. Le viol est acte barbare abominable. Aujourd’hui, plus de 50% des filles et femmes sont victimes de violences sexuelles, malheureusement, peu d’entre elle osent dénoncer, car très peu de violeurs sont condamnés. Violer collectivement une mineure n’est pas un acte de bravoure, non plus un succès, c’est un comportement indigne, inhumain, sale, immoral et lâche.

Une ampleur considérable
Personne ne veut dénoncer, personne n’en parle alors que le viol et surtout le viol collectif sur des mineurs, prend une ampleur considérable. Dans la plupart des cas, c’est les fils des personnes bien placées qui commettent ces actes, pire encore, parfois c’est l’autorité elle-même qui en commet, alors qu’elle est mieux placée pour faire appliquer la loi, lorsqu’un tel cas survient.

Les violeurs violentent les filles et les exposent sur les réseaux sociaux, mettant ces dernières dans un total désarroi. En les exposant sur les réseaux sociaux, les filles paient lourdement le prix et assument toutes seules, les conséquences qui en découlent. Ce comportement brise la vie de la jeune fille : ses rêves, ses espoirs sont complètement anéantis.

Tout comportement à caractère sexuel, sur une femme ou fille, sans leur consentement est un viol, et le viol est un crime sexuel qui mérite d’être sévèrement réprimé. L’on constate malheureusement aujourd’hui, que violer collectivement une fille, est devenu une mode à la tchadienne. La justice qui est censée protéger les victimes, reste muette et la culture de viol se nourrit largement du système politique, social et juridique visant à la négation et minimise le viol au Tchad. Une fille violée perd complètement son honneur et sa dignité.

Un acte traumatisant
Si l’on continue à encourager cet acte néfaste, quel serait donc l’avenir du Tchad ? Tant que les dispositions pénales qui punissent ce genre d’acte ne s’appliquent pas aux prévenus, on entendra toujours parler de viol et c’est une honte pour notre démocratie. Ces délinquants qui mènent cet acte devraient recevoir toutes les conséquences de leur forfait.

Aujourd’hui, la société civile ne parle pas assez des cas des viols. Les autorités condamnent sans toutefois agir et les lois sont muettes, la justice est complice et c’est les victimes qui en sortent malheureuses et perdantes. Alors que les victimes sont nos mamans, nos sœurs, nos tantes et nos épouses, elles subissent des traitements inhumains et dégradants qui leur occasionnent des traumatismes jusqu’à la fin de leur vie.
S’il faut changer l’image du Tchad, il faut également changer le comportement de la population, tout en respectant la femme. Pour cela, il faut éviter le désordre, combattre l’injustice, dénoncer les extrémismes violents et respecter les lois de la République.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)