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TCHAD

Tchad : la Cour criminelle retient "l'atteinte à l'ordre constitutionnel" contre Baradine Berdeï


Alwihda Info | Par - 18 Février 2021


Le défenseur des droits de l'Homme Baradine Berdeï est condamné à 3 ans de prison ferme pour atteinte à l'ordre constitutionnel.


La Cour criminelle a prononcé jeudi soir la condamnation du défenseur des droits de l'Homme Baradine Berdeï Targuio à trois ans de prison ferme et au paiement d'une amende pour atteinte à l'ordre constitutionnel, allant dans le sens des réquisitions du procureur général, a constaté Alwihda Info.

Baradine Berdeï Targuio, président de l'Organisation tchadienne des droits humains (OTDH), a été arrêté à son domicile le 24 janvier 2020, après la publication sur Facebook d'un message évoquant l'état de santé du chef de l'État Idriss Deby.

À la sortie d'audience, l'avocat Me. Lalngar a exprimé à Alwihda Info un "sentiment de déception". Il annonce un recours :
"Nous allons nous pourvoir en cassation. Même si on lui a reconnu des circonstances atténuantes, il n'y avait pas de quoi fouetter un chat. Nous ne pouvons admettre qu'il passe trois ans en prison pour rien alors que c'est lui qui avait été agressé, alors que le procureur avait si bien requis l'infraction initiale d'atteinte à la sureté de l'État. (...) L'atteinte à l'ordre constitutionnel s'apprécie comme un attentat qui est une atteinte criminelle et illégale. Or, vous le savez, il était chez lui dans son salon, chez sa famille, quand cette horde de personnes encagoulées est venue s'en prendre à lui, sans aucun mandat, sans rien du tout. Cela doit être reporté. C'est une décision malheureuse".

L'avocat estime qu'on ne peut pas parler d'atteinte à l'ordre constitutionnel :
"Toutes les charges ont été démontées. Les juges ont abordé dans le sens du procureur général qui a requis la condamnation de notre client à l'ordre constitutionnel. Or, les faits sont tels qu'on ne peut pas parler d'atteinte à l'ordre constitutionnel quand aucune preuve n'a été rapportée, quand vous voyez que, ne voulant pas être dévoilés, ne voulant pas que leur manipulation soit connue, ces agents, même l'arme qui a été saisie sur lui (lors de l'arrestation, Ndlr) n'a pas été présentée alors que c'est supposé être mis sous scellé".

Au cours du procès, Baradine Berdeï Targuio a déclaré que les propos tenus langue Zaghawa, plus précisément en Borogat sur WhatsApp, sont privés. "Si c'est en privé, ce n'est pas destiné à la consommation publique. Moi je ne reconnais pas tout ça", a-t-il dit.

Ses avocats ont relevé que Baradine n'est pas une force de l'État pour que l'intervention ayant conduit à son arrestation soit aussi musclée. "Ceux qui sont venus chez lui n'étaient pas des forces régulières".



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)