Le président de la COP30, André Corrêa do Lago, embrasse la ministre brésilienne de l'Environnement, Marina Silva, après la conclusion d'un accord lors du Sommet. Photo : Pablo Porciúncula/AFP/Getty Images
Jour 6
Dès la deuxième semaine de la COP30, le segment de haut niveau s'est ouvert sur un rappel sans détour : le monde se précipite vers une nouvelle économie d'énergie propre. Parallèlement, les négociations diplomatiques continuent de progresser lentement et avec prudence. Alors que les ministres s'installaient pour la dernière semaine, le Secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell, n'a pas tardé à dénoncer ce qu'il a qualifié d'ère de la diplomatie de façade. Il a averti que le paysage mondial est fracturé, et que les catastrophes climatiques ne sont plus des menaces lointaines, mais des chocs immédiats.
M.Stiell a déclaré aux dirigeants qu'ils arrivaient à Belém en pleine transition. Les marchés ont déjà évolué. Plus de deux mille milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables l'an dernier, un montant supérieur au PIB de la plupart des pays. Selon lui, ce progrès n'est pas un luxe, mais une question de survie. Il a toutefois établi un contraste saisissant entre cette dynamique, et la lenteur des pourparlers à Belém. « L'intention est là, mais pas la rapidité », a-t-il déclaré, exhortant les ministres à renoncer aux manœuvres dilatoires. « Lorsque les négociations s'enlisent dans des prolongations, tout le monde y perd. »
L'appel à l'unité a été relayé par le président de l'Assemblée générale des Nations-Unies, qui a souligné la nécessité d'une coopération multilatérale renouvelée. Pourtant, de profondes divisions sont apparues dès le début. L'Arabie saoudite a essuyé de vives critiques pour avoir bloqué les progrès concernant le Bilan mondial, et refusé toute formulation relative à la transition énergétique. Les observateurs ont qualifié l'approche du Royaume de destructrice. L'ancien vice-président des États-Unis, Al Gore, a accusé Riyad d'obstructionnisme irresponsable, alors même que son territoire est confronté à une chaleur insupportable.
Des représentants de la société civile ont accentué la pression, accusant les pays riches d'hypocrisie climatique, pour avoir exhorté les pays du Sud à l'ambition, tout en manquant à leurs propres engagements financiers. Les groupes autochtones ont également exprimé leur inquiétude face au renforcement des mesures de sécurité, qui a instauré un climat de peur, notamment après l'assassinat du leader autochtone Vicente Fernandes Vilhalva.
L'urgence de la situation s'est fait sentir à travers les témoignages en provenance des Caraïbes, où l'ouragan Melissa a ravagé des communautés entières en une seule journée. Les ministres ont averti que demain il sera trop tard, si des mesures décisives ne sont pas prises dès maintenant.
Jour 7
La septième journée de la COP30 s'est ouverte sur une vague d'énergie politique, avec la présence de plus de quatre-vingts pays sur la scène principale, appelant à une feuille de route contraignante pour une transition énergétique mondiale sans énergies fossiles. Pourtant, tandis que les ministres célébraient l'esprit de solidarité brésilien, le Sommet était confronté à une crise grandissante à l'extérieur. Des experts des Nations-Unies en matière de droits humains ont condamné l'important dispositif sécuritaire et la marginalisation des voix autochtones.
Ce contraste a marqué la journée. L'ambition affichée dans la salle plénière s'est heurtée aux accusations selon lesquelles la COP sur l'Amazonie réduisait au silence les communautés mêmes qu'elle avait promis de défendre.
La coalition Mutirão a réuni des ministres de Sierra Leone, du Kenya, d'Allemagne, du Royaume-Uni et de dizaines d'autres pays dans une démonstration d'unité spectaculaire. Ils ont exigé que le texte final de la COP30 concrétise l'engagement pris à Dubaï de se détourner du pétrole, du gaz et du charbon. La jeune militante Marcele Oliveira a su capter l'atmosphère, déclarant aux délégués qu'il s'agissait de la mobilisation la plus importante pour la justice climatique de sa génération. Ses propos ont été chaleureusement applaudis.
De hauts responsables ont apporté leur soutien. Ed Miliband a déclaré que la feuille de route était essentielle à la crédibilité de la conférence. L’Allemand Carsten Schneider a affirmé que la quasi-totalité de l’Europe soutenait une transition juste et inclusive vers une économie dé-carbonée. Le ministre colombien de l’Environnement a décrit la feuille de route comme indispensable à toute stratégie visant à protéger l’Amazonie, et à maintenir le réchauffement climatique sous le seuil de 1,5 degré.
Mais l'unité intérieure s'est heurtée à l'indignation extérieure. Cinq rapporteurs spéciaux des Nations-Unies ont publiquement dénoncé le renforcement des mesures de sécurité mises en place, suite à la manifestation autochtone de la semaine précédente, qui avait créé une zone d'exclusion et un climat de peur. Ils ont souligné la douloureuse réalité : les participants autochtones se heurtaient à des barrières, tandis que les lobbyistes des énergies fossiles et de l'agriculture industrielle conservaient l'accès.
La voix des jeunes s'est également élevée. Des représentants de plus de cent pays ont présenté une Déclaration mondiale de la jeunesse appelant à une sortie complète, rapide et juste des énergies fossiles, et à ce que l'adaptation soit considérée comme une priorité morale.
En fin de journée, tous les regards étaient tournés vers le projet de texte attendu de la présidence brésilienne, les négociateurs étant confrontés à un fossé grandissant entre une ambition croissante et une résistance farouche.
Jour 8
La huitième journée de la COP30 s'est déroulée dans un climat mêlant urgence politique et théâtre diplomatique. Le président Luiz Inácio Lula da Silva est arrivé à Belém pour tenter de débloquer la situation sur la question centrale de ce Sommet : la transition énergétique mondiale vers les énergies renouvelables. Alors que la conférence approchait de son terme, les divisions entre les blocs de négociation étaient flagrantes, même si un différend de longue date a été résolu : la Turquie a été confirmée comme prochain pays hôte de la COP31.
Arrivé en milieu de matinée, Lula a immédiatement entamé une série de rencontres diplomatiques. Il a rencontré son équipe restreinte, notamment la ministre de l'Environnement, Marina Silva, et le président de la COP, André Corrêa do Lago, avant de s'entretenir avec les pays dont les positions peuvent faire basculer tout accord final. Il s'agissait notamment de la Chine, de l'Inde, de l'Indonésie, de l'Union européenne, du Groupe africain et de l'alliance des petits États insulaires. L'argumentation de Lula s'est appuyée sur le poids moral des pays les plus vulnérables au changement climatique, exhortant les principaux émetteurs et les États pétroliers à œuvrer pour un consensus.
Cette journée a également été marquée par une victoire importante pour les communautés autochtones. Lula a annoncé la démarcation de dix nouveaux territoires autochtones, une décision qui conforte le discours de la COP Amazonie, et témoigne d'un engagement renouvelé envers les peuples forestiers, qui ont largement contribué au plaidoyer lors de ce sommet.
Le principal enjeu demeure inchangé. Corrêa do Lago a décrit les négociations comme un affrontement binaire entre les pays exigeant une sortie progressive des énergies fossiles, et ceux qui s'opposent à toute formulation en ce sens. La dynamique en faveur d'une feuille de route détaillée pour guider la transition se poursuit, soutenue désormais par plus de quatre-vingts nations.
Cependant, la clarification du financement reste essentielle. Corrêa do Lago a déclaré que les pays les plus riches doivent apporter des garanties, même si cela implique une utilisation plus efficace des fonds existants grâce à des instruments tels que les échanges de dette contre nature.
Au-delà des salles de négociation, les tensions politiques se sont exacerbées. La Turquie accueillera la COP 31 après le retrait de la candidature australienne, en échange de la présidence d'une réunion distincte des dirigeants du Pacifique. Parallèlement, une querelle diplomatique a éclaté suite aux déclarations du chancelier allemand Friedrich Merz, provoquant une réponse cinglante de Lula, qui a défendu le dynamisme et la convivialité de Belém.
La présence de représentants de l'industrie des énergies fossiles est restée source de controverses, exacerbées par les propos du PDG de Total Energies qui semblaient minimiser le lien entre phénomènes météorologiques extrêmes et changement climatique. Les experts en droits humains ont de nouveau rappelé aux négociateurs que le texte final devait reposer sur le droit international et le droit fondamental à un environnement sain, plaçant ainsi l'humain et la nature au cœur du processus.
Jour 9
Le dixième jour de la COP30 a basculé dans la confusion et l'inquiétude lorsqu'un incendie s'est déclaré dans la Zone Bleue, provoquant une évacuation générale et interrompant les négociations à un moment crucial. Cet incident est survenu quelques heures seulement après que le Secrétaire général des Nations-Unies, António Guterres, a averti que le rythme actuel de l'action climatique mondiale équivalait à une condamnation à mort pour des millions de personnes.
L'incendie s'est déclaré en milieu d'après-midi, obligeant les équipes de sécurité à se précipiter dans le pavillon, et à pousser les délégués vers les sorties. Des témoins ont décrit de la fumée envahissant le toit et une foule se précipitant pour se mettre à l'abri. Nathaniel Mtunji, un conseiller politique kényan, a déclaré avoir vu les flammes se propager le long de la structure tandis que les gens couraient. Les organisateurs ont confirmé par la suite que l'incendie avait été maîtrisé en quelques minutes. Aucun blessé grave n'a été signalé, bien que plusieurs personnes aient été soignées pour inhalation de fumée. Le ministre brésilien du Tourisme a déclaré que des enquêteurs examinaient les causes de l'incendie, ajoutant qu'il était difficile d'imaginer que quelqu'un puisse délibérément déclencher un incendie lors d'un sommet sur le climat.
Pour de nombreux militants, la portée symbolique de l'incendie a été immédiate. Ils ont décrit l'incident comme une métaphore saisissante d'un monde déjà en proie aux flammes, tandis que la volonté politique fait défaut.
Une avancée diplomatique a toutefois été réalisée : la Turquie a été confirmée comme pays hôte de la COP31, mettant fin au blocage avec l’Australie. Parallèlement, les profondes divisions politiques aux États-Unis étaient manifestes. À Washington, des responsables ont défendu les exportations américaines d’énergies fossiles, tandis que le sénateur Sheldon Whitehouse, seul élu fédéral américain présent à Belém, a déclaré que la nouvelle administration représentait l’industrie des énergies fossiles et non le peuple américain.
Jour 10
La COP30 s'est clôturée vendredi dans un climat mêlé de soulagement, de frustration et de la constatation lucide que le monde continue de lutter pour préserver l'Accord de Paris. Les délégués sont parvenus à un accord qui ancre une transition juste au sein du système des Nations-Unies, mais le Sommet s'est achevé sans aucun texte contraignant sur les énergies fossiles, la question même qui a marqué deux semaines de tensions en Amazonie.
Simon Stiell, responsable du climat à l'ONU, a bien résumé l'atmosphère lors de la séance plénière de clôture. Il a déclaré que le monde n'est pas en train de gagner la bataille pour le climat, mais qu'il reste mobilisé et qu'il persévère, malgré de violents obstacles politiques et l'absence persistante des États-Unis suite au retrait du président Donald Trump.
La question des énergies fossiles a dominé les négociations. Une coalition ambitieuse a exercé des pressions jusqu'aux dernières heures, mais les États pétroliers, menés par l'Arabie saoudite, ont bloqué toute mention du pétrole, du gaz ou du charbon dans le texte de consensus. Malgré cela, environ quatre-vingt-dix pays ont signé un engagement volontaire à élaborer des plans nationaux de transition énergétique. Stiell a souligné que 194 nations se sont unies pour défendre l'Accord de Paris, tandis que les États-Unis ont gardé leurs distances.
La principale avancée a été la création du Mécanisme d'action de Belém. Pour la première fois, le régime climatique des Nations-Unies dispose d'une structure permanente dédiée au soutien de transitions justes, équitables et inclusives. L'accord a survécu à une nuit de négociations tendues, et a obtenu le soutien décisif du G77 et de la Chine. Les représentants de la société civile ont salué cette victoire, mais ont averti que le mécanisme manque de financements dédiés, creusant ainsi un fossé important entre les ambitions et la réalité.
Les réactions des dirigeants autochtones étaient mitigées. Le Brésil a obtenu une nouvelle reconnaissance des droits fonciers des peuples autochtones et un engagement de 1,8 milliard de dollars pour la gestion territoriale, mais nombre d'entre eux ont condamné l'important dispositif sécuritaire et déploré que des propositions essentielles aient été négligées.
Parmi les autres résultats, on note l'engagement de tripler le financement de l'adaptation pour le porter à 120 milliards de dollars par an, même si l'échéance a été repoussée à 2035, et l'adoption du Plan d'action de Belém pour l'égalité des sexes. Les organisations de protection de l'environnement ont salué la reconnaissance claire du fait que la résilience climatique dépend d'écosystèmes sains.
Le Sommet s'est conclu par un dégel diplomatique entre le Brésil et l'Allemagne et par l'attribution, par le Réseau Action Climat, de son prix « Fossile Colossal » à l'Arabie saoudite et à l'Union européenne pour entrave aux progrès. La fin du Sommet a été tendue et marquée par les excuses du président de la COP, André Corrêa do Lago, mais l'Accord de Paris a été maintenu. Le combat continue.
Dès la deuxième semaine de la COP30, le segment de haut niveau s'est ouvert sur un rappel sans détour : le monde se précipite vers une nouvelle économie d'énergie propre. Parallèlement, les négociations diplomatiques continuent de progresser lentement et avec prudence. Alors que les ministres s'installaient pour la dernière semaine, le Secrétaire exécutif de la CCNUCC, Simon Stiell, n'a pas tardé à dénoncer ce qu'il a qualifié d'ère de la diplomatie de façade. Il a averti que le paysage mondial est fracturé, et que les catastrophes climatiques ne sont plus des menaces lointaines, mais des chocs immédiats.
M.Stiell a déclaré aux dirigeants qu'ils arrivaient à Belém en pleine transition. Les marchés ont déjà évolué. Plus de deux mille milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables l'an dernier, un montant supérieur au PIB de la plupart des pays. Selon lui, ce progrès n'est pas un luxe, mais une question de survie. Il a toutefois établi un contraste saisissant entre cette dynamique, et la lenteur des pourparlers à Belém. « L'intention est là, mais pas la rapidité », a-t-il déclaré, exhortant les ministres à renoncer aux manœuvres dilatoires. « Lorsque les négociations s'enlisent dans des prolongations, tout le monde y perd. »
L'appel à l'unité a été relayé par le président de l'Assemblée générale des Nations-Unies, qui a souligné la nécessité d'une coopération multilatérale renouvelée. Pourtant, de profondes divisions sont apparues dès le début. L'Arabie saoudite a essuyé de vives critiques pour avoir bloqué les progrès concernant le Bilan mondial, et refusé toute formulation relative à la transition énergétique. Les observateurs ont qualifié l'approche du Royaume de destructrice. L'ancien vice-président des États-Unis, Al Gore, a accusé Riyad d'obstructionnisme irresponsable, alors même que son territoire est confronté à une chaleur insupportable.
Des représentants de la société civile ont accentué la pression, accusant les pays riches d'hypocrisie climatique, pour avoir exhorté les pays du Sud à l'ambition, tout en manquant à leurs propres engagements financiers. Les groupes autochtones ont également exprimé leur inquiétude face au renforcement des mesures de sécurité, qui a instauré un climat de peur, notamment après l'assassinat du leader autochtone Vicente Fernandes Vilhalva.
L'urgence de la situation s'est fait sentir à travers les témoignages en provenance des Caraïbes, où l'ouragan Melissa a ravagé des communautés entières en une seule journée. Les ministres ont averti que demain il sera trop tard, si des mesures décisives ne sont pas prises dès maintenant.
Jour 7
La septième journée de la COP30 s'est ouverte sur une vague d'énergie politique, avec la présence de plus de quatre-vingts pays sur la scène principale, appelant à une feuille de route contraignante pour une transition énergétique mondiale sans énergies fossiles. Pourtant, tandis que les ministres célébraient l'esprit de solidarité brésilien, le Sommet était confronté à une crise grandissante à l'extérieur. Des experts des Nations-Unies en matière de droits humains ont condamné l'important dispositif sécuritaire et la marginalisation des voix autochtones.
Ce contraste a marqué la journée. L'ambition affichée dans la salle plénière s'est heurtée aux accusations selon lesquelles la COP sur l'Amazonie réduisait au silence les communautés mêmes qu'elle avait promis de défendre.
La coalition Mutirão a réuni des ministres de Sierra Leone, du Kenya, d'Allemagne, du Royaume-Uni et de dizaines d'autres pays dans une démonstration d'unité spectaculaire. Ils ont exigé que le texte final de la COP30 concrétise l'engagement pris à Dubaï de se détourner du pétrole, du gaz et du charbon. La jeune militante Marcele Oliveira a su capter l'atmosphère, déclarant aux délégués qu'il s'agissait de la mobilisation la plus importante pour la justice climatique de sa génération. Ses propos ont été chaleureusement applaudis.
De hauts responsables ont apporté leur soutien. Ed Miliband a déclaré que la feuille de route était essentielle à la crédibilité de la conférence. L’Allemand Carsten Schneider a affirmé que la quasi-totalité de l’Europe soutenait une transition juste et inclusive vers une économie dé-carbonée. Le ministre colombien de l’Environnement a décrit la feuille de route comme indispensable à toute stratégie visant à protéger l’Amazonie, et à maintenir le réchauffement climatique sous le seuil de 1,5 degré.
Mais l'unité intérieure s'est heurtée à l'indignation extérieure. Cinq rapporteurs spéciaux des Nations-Unies ont publiquement dénoncé le renforcement des mesures de sécurité mises en place, suite à la manifestation autochtone de la semaine précédente, qui avait créé une zone d'exclusion et un climat de peur. Ils ont souligné la douloureuse réalité : les participants autochtones se heurtaient à des barrières, tandis que les lobbyistes des énergies fossiles et de l'agriculture industrielle conservaient l'accès.
La voix des jeunes s'est également élevée. Des représentants de plus de cent pays ont présenté une Déclaration mondiale de la jeunesse appelant à une sortie complète, rapide et juste des énergies fossiles, et à ce que l'adaptation soit considérée comme une priorité morale.
En fin de journée, tous les regards étaient tournés vers le projet de texte attendu de la présidence brésilienne, les négociateurs étant confrontés à un fossé grandissant entre une ambition croissante et une résistance farouche.
Jour 8
La huitième journée de la COP30 s'est déroulée dans un climat mêlant urgence politique et théâtre diplomatique. Le président Luiz Inácio Lula da Silva est arrivé à Belém pour tenter de débloquer la situation sur la question centrale de ce Sommet : la transition énergétique mondiale vers les énergies renouvelables. Alors que la conférence approchait de son terme, les divisions entre les blocs de négociation étaient flagrantes, même si un différend de longue date a été résolu : la Turquie a été confirmée comme prochain pays hôte de la COP31.
Arrivé en milieu de matinée, Lula a immédiatement entamé une série de rencontres diplomatiques. Il a rencontré son équipe restreinte, notamment la ministre de l'Environnement, Marina Silva, et le président de la COP, André Corrêa do Lago, avant de s'entretenir avec les pays dont les positions peuvent faire basculer tout accord final. Il s'agissait notamment de la Chine, de l'Inde, de l'Indonésie, de l'Union européenne, du Groupe africain et de l'alliance des petits États insulaires. L'argumentation de Lula s'est appuyée sur le poids moral des pays les plus vulnérables au changement climatique, exhortant les principaux émetteurs et les États pétroliers à œuvrer pour un consensus.
Cette journée a également été marquée par une victoire importante pour les communautés autochtones. Lula a annoncé la démarcation de dix nouveaux territoires autochtones, une décision qui conforte le discours de la COP Amazonie, et témoigne d'un engagement renouvelé envers les peuples forestiers, qui ont largement contribué au plaidoyer lors de ce sommet.
Le principal enjeu demeure inchangé. Corrêa do Lago a décrit les négociations comme un affrontement binaire entre les pays exigeant une sortie progressive des énergies fossiles, et ceux qui s'opposent à toute formulation en ce sens. La dynamique en faveur d'une feuille de route détaillée pour guider la transition se poursuit, soutenue désormais par plus de quatre-vingts nations.
Cependant, la clarification du financement reste essentielle. Corrêa do Lago a déclaré que les pays les plus riches doivent apporter des garanties, même si cela implique une utilisation plus efficace des fonds existants grâce à des instruments tels que les échanges de dette contre nature.
Au-delà des salles de négociation, les tensions politiques se sont exacerbées. La Turquie accueillera la COP 31 après le retrait de la candidature australienne, en échange de la présidence d'une réunion distincte des dirigeants du Pacifique. Parallèlement, une querelle diplomatique a éclaté suite aux déclarations du chancelier allemand Friedrich Merz, provoquant une réponse cinglante de Lula, qui a défendu le dynamisme et la convivialité de Belém.
La présence de représentants de l'industrie des énergies fossiles est restée source de controverses, exacerbées par les propos du PDG de Total Energies qui semblaient minimiser le lien entre phénomènes météorologiques extrêmes et changement climatique. Les experts en droits humains ont de nouveau rappelé aux négociateurs que le texte final devait reposer sur le droit international et le droit fondamental à un environnement sain, plaçant ainsi l'humain et la nature au cœur du processus.
Jour 9
Le dixième jour de la COP30 a basculé dans la confusion et l'inquiétude lorsqu'un incendie s'est déclaré dans la Zone Bleue, provoquant une évacuation générale et interrompant les négociations à un moment crucial. Cet incident est survenu quelques heures seulement après que le Secrétaire général des Nations-Unies, António Guterres, a averti que le rythme actuel de l'action climatique mondiale équivalait à une condamnation à mort pour des millions de personnes.
L'incendie s'est déclaré en milieu d'après-midi, obligeant les équipes de sécurité à se précipiter dans le pavillon, et à pousser les délégués vers les sorties. Des témoins ont décrit de la fumée envahissant le toit et une foule se précipitant pour se mettre à l'abri. Nathaniel Mtunji, un conseiller politique kényan, a déclaré avoir vu les flammes se propager le long de la structure tandis que les gens couraient. Les organisateurs ont confirmé par la suite que l'incendie avait été maîtrisé en quelques minutes. Aucun blessé grave n'a été signalé, bien que plusieurs personnes aient été soignées pour inhalation de fumée. Le ministre brésilien du Tourisme a déclaré que des enquêteurs examinaient les causes de l'incendie, ajoutant qu'il était difficile d'imaginer que quelqu'un puisse délibérément déclencher un incendie lors d'un sommet sur le climat.
Pour de nombreux militants, la portée symbolique de l'incendie a été immédiate. Ils ont décrit l'incident comme une métaphore saisissante d'un monde déjà en proie aux flammes, tandis que la volonté politique fait défaut.
Une avancée diplomatique a toutefois été réalisée : la Turquie a été confirmée comme pays hôte de la COP31, mettant fin au blocage avec l’Australie. Parallèlement, les profondes divisions politiques aux États-Unis étaient manifestes. À Washington, des responsables ont défendu les exportations américaines d’énergies fossiles, tandis que le sénateur Sheldon Whitehouse, seul élu fédéral américain présent à Belém, a déclaré que la nouvelle administration représentait l’industrie des énergies fossiles et non le peuple américain.
Jour 10
La COP30 s'est clôturée vendredi dans un climat mêlé de soulagement, de frustration et de la constatation lucide que le monde continue de lutter pour préserver l'Accord de Paris. Les délégués sont parvenus à un accord qui ancre une transition juste au sein du système des Nations-Unies, mais le Sommet s'est achevé sans aucun texte contraignant sur les énergies fossiles, la question même qui a marqué deux semaines de tensions en Amazonie.
Simon Stiell, responsable du climat à l'ONU, a bien résumé l'atmosphère lors de la séance plénière de clôture. Il a déclaré que le monde n'est pas en train de gagner la bataille pour le climat, mais qu'il reste mobilisé et qu'il persévère, malgré de violents obstacles politiques et l'absence persistante des États-Unis suite au retrait du président Donald Trump.
La question des énergies fossiles a dominé les négociations. Une coalition ambitieuse a exercé des pressions jusqu'aux dernières heures, mais les États pétroliers, menés par l'Arabie saoudite, ont bloqué toute mention du pétrole, du gaz ou du charbon dans le texte de consensus. Malgré cela, environ quatre-vingt-dix pays ont signé un engagement volontaire à élaborer des plans nationaux de transition énergétique. Stiell a souligné que 194 nations se sont unies pour défendre l'Accord de Paris, tandis que les États-Unis ont gardé leurs distances.
La principale avancée a été la création du Mécanisme d'action de Belém. Pour la première fois, le régime climatique des Nations-Unies dispose d'une structure permanente dédiée au soutien de transitions justes, équitables et inclusives. L'accord a survécu à une nuit de négociations tendues, et a obtenu le soutien décisif du G77 et de la Chine. Les représentants de la société civile ont salué cette victoire, mais ont averti que le mécanisme manque de financements dédiés, creusant ainsi un fossé important entre les ambitions et la réalité.
Les réactions des dirigeants autochtones étaient mitigées. Le Brésil a obtenu une nouvelle reconnaissance des droits fonciers des peuples autochtones et un engagement de 1,8 milliard de dollars pour la gestion territoriale, mais nombre d'entre eux ont condamné l'important dispositif sécuritaire et déploré que des propositions essentielles aient été négligées.
Parmi les autres résultats, on note l'engagement de tripler le financement de l'adaptation pour le porter à 120 milliards de dollars par an, même si l'échéance a été repoussée à 2035, et l'adoption du Plan d'action de Belém pour l'égalité des sexes. Les organisations de protection de l'environnement ont salué la reconnaissance claire du fait que la résilience climatique dépend d'écosystèmes sains.
Le Sommet s'est conclu par un dégel diplomatique entre le Brésil et l'Allemagne et par l'attribution, par le Réseau Action Climat, de son prix « Fossile Colossal » à l'Arabie saoudite et à l'Union européenne pour entrave aux progrès. La fin du Sommet a été tendue et marquée par les excuses du président de la COP, André Corrêa do Lago, mais l'Accord de Paris a été maintenu. Le combat continue.
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COP30 Semaine 2 : dialogues de haut niveau, incendie et accords de clôture










