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INTERVIEW

Centrafrique: "La seule solution c'est d'arrêter Bozizé et Djotodia"


- 30 Décembre 2013


Opposant tant à la Séléka de Michel Djotodia qu'au président déchu François Bozizé, François-Nelson Ndjadder a fondé les Forces révolutionnaires pour la Démocratie en Centrafrique. Il explique son parcours et ses envies à BFMTV.com.


BFMTV - Propos recueillis par Harlod Hyman

François Nelson Ndjadder, président des Forces Révolutionnaires pour la Démocratie en Centrafrique. (Harold Hyman - BFMTV)
François Nelson Ndjadder, président des Forces Révolutionnaires pour la Démocratie en Centrafrique. (Harold Hyman - BFMTV)
Depuis le début du soulèvement contre François Bozizé au début de 2013, rien ne va plus en Centrafrique. Michel Djotodia, à la tête de la Séléka (Alliance, regroupant les forces hostiles à Bozizé, très majoritairement musulmannes et tchadiennes), renverse le régime, et devient président par intérim. La lutte entre Séléka et leurs nouveaux adversaires de l'intérieur, appelés anti-balaka (anti-machettes, qui paradoxalement se servent beaucoup de cette arme horrible), pousse un homme à se démarquer: François Nelson Ndjadder. Il a participé au renversement de Bozizé, à la tête d'une milice hétéroclite insérée dans la Séléka, les Forces Révolutionnaires pour la Démocratie en Centrafrique(FRD).

Il est aujourd'hui opposé à la fois à Bozizé et Djotodia. Il a répondu aux questions de BFMTV.

Quel est l'historique des FRD, qui étaient les premiers membres?

Je me suis lancé dans la rébellion, car le président François Bozizé était très mauvais. Un colonel tchadien était d'accord pour m'aider avec des rebelles tchadiens et certains alliés dont moi qui suis le leader de ce parti (les FRD). J'ai été contacté par Moussa Daffane (président de la Convention Patriotique du Kodro, "kodro" voulant dire pays) qui m'a mis au parfum de l'action qui était en cours, c'est-à-dire qu'Idriss Déby (président du Tchad) et Omar el-Béchir (président du Soudan) se préparaient à renverser Bozizé. Comme ce dernier a assassiné mon père lors de son coup d'État manqué du 28 mai 2001 et comme j'avait déjà commencé à demander sa démission à cause de ses multiples assassinats et viols et son enrichissement avec sa femme et sa maîtresse, j'ai donc decidé d'accepter de me joindre à la Séléka.

Quand et pourquoi avez-vous rompu avec la Séléka?

J'ai découvert le projet d'islamiser complètement le pays que m'a caché Michel Djotodia et Moussa Daffane qui m'ont fait croire autre chose que ce que nous avions entendu, c'est-à-dire d'apporter du nouveau au peuple. Cette idée d'islamisation est pilotée par Idriss Déby (président du Tchad), Omar el-Béchir (président du Soudan), le président sénégalais Macky Sall et certains pays arabes, comme l'Arabie saoudite et le Qatar. L'idée est de faire de la RCA un État islamique et maintenir Djotodia comme Président. Moi je suis chrétien et comme mon défunt père le général Ndjadder Bedaya François ancien ministre de l'Intérieur combattait farouchement cette idée d'islamiser ce pays, Déby et Bozizé ont assassiné mon père en 2001 et m'ont écarté, avec ma famille.

Quelle est votre appréciation de l'Opération Sangaris?

Je voudrais tout d'abord remercier le président François Hollande et le ministre Laurent Fabius et le ministre Jean-Yves Le Drian que je considère comme mes pères et le peuple centrafricain dans son ensemble se joint à moi pour leur rendre un vibrant hommage et leur dire merci mais je demande au président français de ne pas avoir peur: les responsables de ces génocides sont Michel Djotodia et François Bozizé qui m'accusent dans leurs déclarations d'être manipulé par François Hollande et Barack Obama. La seule solution c'est d'arrêter Bozizé et Djotodia et les transférer à la CPI (Cour pénbale internationale) pour tous les crimes qu'ils ont commis. J'ai envisagé de déposer une plainte contre Bozizé pour l'assassinat de mon père et pour crime contre l'humanité.

L'intervention internationale, la Misca aujourd'hui, Casques bleus demain, est-elle la bonne solution?

Je salue le courage et l'appel qui a été lancé par le président Hollande et le Sécrétaire général des Nations unies: oui je le confirme les Français de Sangaris, la MISCA mais sans le contingent tchadien, et les futurs Casques Bleus, c'est la bonne solution. D'ailleurs, le contingent tchadien de la Misca a été complice de la Séléka et opère sous les ordres directs des présidents Déby et Omar el-Béchir. Si par ailleurs Michel Djotodia reste au pouvoir la paix ne se fera jamais en Centrafrique.

Le gouvernement français vous propose-t-il un soutien diplomatique ou matériel? Quelles rencontres avez-vous eues?

J'ai eu des entretiens multiples avec la diplomatie française. On m'a conseillé d'abondonner l'option militaire, d'intensifier l'option politique et médiatique et dit que par la suite j'aurai leur soutien et celui du président Francois Hollande car mon père le général Ndjadder Bedaya François était un démocrate qui a entretenu de très bonnes relations avec la France... .


D'après vous, Michel Djotodia a-t-il un avenir, peut-il se maintenir, qui peut le remplacer?

Je vous assure que Michel Djotodia n'a pas d'avenir politique en Centrafrique, c'est un voyou et un incompétent parachuté par Messieurs Déby et Béchir et le Qatar et les pays islamiques. Je suis capable, moi, de diriger ce pays pendant la transition des six mois restants, parce que la jeunesse centrafricaine me soutient et me demande de relever le défi, et je demande le soutien et l'accord de la France qui est un pays frère et ami. Ou bien, j'attends que les élections libres et démocratiques soient organisées, le plus rapidement, pour me présenter comme candidat devant le peuple centrafricain qui sera le juge ultime de sa propre destinée.

Quel est votre plan de sortie de crise?

La destitution de Michel Djotodia et l'arrestation immédiate de Bozizé et ses complices, tous ces complices. Et le dédommagement des victimes des assassinats depuis 2001, 2003, 2013, pour redonner un nouveau départ à la Centrafrique.

Source : BFMTV



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