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REPORTAGE

Exportation des peaux d'animaux, le Tchad est un grand perdant


Alwihda Info | Par Tchonchimbo Ouapi Raphaël - 28 Mai 2021



L'élevage est l'une des mamelles de l'économie au Tchad. Pourtant, le pays ne profite pas totalement de son potentiel et des produits de ce secteur depuis des décennies, alors qu'il est en mesure d'impulser un développement.

Les produits issus de l'élevage sont nombreux : la chair, le lait, la peau, etc. Ce secteur est le second pilier en termes de revenus économiques pour le pays mais le manque d'investissement fait que le Tchad n'en profite pas totalement. Bien que des abattoirs ont été construits, ils peinent à fonctionner, faute de suivi et de bonne volonté dans la gestion.

​Dans les aires d'abattage à N'Djamena et en province, des milliers de têtes de grands ruminants sont abattues et destinées à la consommation. Que constate-t-on après l'abattage ? La viande est mise en vente sur les différents marchés. En revanche, le pays ne dispose pas d'usines de transformation des peaux en produits finis, que ce soit des chaussures, ceintures, sacs, chapeaux, cartables, etc. Le défi est relevé à petite échelle par des artisans tandis qu'une grande partie est exportée. N'est-ce pas un gâchis ?

L'implantation d'unités de transformation permettrait de créer de l'emploi pour les jeunes. L'exploitation du pétrole a conduit à un certain délaissement de l'agriculture et de l'élevage. Ce n'est qu'après une décennie que les gouvernants ont fait un rétropédalage.

Comment les peaux sont collectées, conservées et exportées ?

Dans la capitale tchadienne, c'est au grand marché que tout se passe. Des cargaisons arrivent également de province : Sila, Ouaddaï, Batha, etc.

Ousman Brahim, grossiste, explique que même si le pays disposait d'usines de transformation, il ne pourrait tout traiter au vu de la quantité importante des peaux. "Nous commercialisons les peaux et les vendons notamment au Nigeria voisin. J'achète entre 3000 à 4000 Fcfa l'unité de peau. En province, c'est entre 1000 à 1500 Fcfa. Nous assurons le transport jusqu'à la capitale. La peau que vous voyez, c'est de la nourriture là-bas au Nigeria. Les gens se bousculent dans les restaurants pour en déguster", explique-t-il.

Le grossiste se lamente des taxes de l'État et de la mairie : "Ils prennent 10.000 Fcfa pour chaque transit sur camion à 10 roues et 100.000 Fcfa pour le transit sur camion à 18 roues. Nous trouvons que c'est extrêmement cher".

C'est sous un grand hangar de quatre à cinq mètres que sont stockées les peaux sèches, prêtes pour le chargement. Le transport est assuré par des groupes de clandomen et quelques véhicules. Pendant la saison des pluies, le hangar est fermé de peur que l'eau ne le détruise, indique Ousman Brahim.

Le Tchad doit revoir sa politique de développement des secteurs essentiels pour absorber le chômage qui est débordant à l'heure actuelle. Ce n'est ni les ressources humaines professionnelles ni financières qui manquent au pays mais la bonne volonté politique des dirigeants.

La pose de pierre de complexes industriels a réjoui plus d'un tchadien mais le fonctionnement demeure un souci. Que les autorités commencent par les projets prioritaires pour accompagner les jeunes qui entreprennent dans les secteurs de l'élevage et l'agriculture afin de réduire le chômage car vendre les peaux sèches aux pays voisins est une énorme perte. Le salut peut se trouver dans la transformation.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)