La Réticence de l’UE face à la Compensation
Bien que l’Europe ait reconnu son rôle dans l’esclavage et la colonisation comme « crime contre l’humanité » lors de la Conférence de Durban, elle maintient une position très prudente sur la question des compensations financières.
Interrogé dans les coulisses du Sommet, le Président du Parlement panafricain, le Zimbabwéen Chief Fortune Charumbira, a parfaitement illustré cette gêne :
« Le Parlement Européen semble dire que les œuvres culturelles collectées en Afrique doivent retourner sur le continent. Mais quand il s'agit de parler de la compensation, il semble très réactif, car cela entraînerait de lourdes compensations financières. Ils restent donc plutôt ouverts sur la question de la restitution des objets culturels. »
Charumbira a néanmoins réaffirmé la détermination du Parlement panafricain à faire pression pour l'obtention d'un « réel compromis ».
L'Acte Fondateur de l’UA et la Dépendance Asymétrique
Le 26 février 2025, lors de sa 38ᵉ session ordinaire, l’UA a classé l’esclavage, la déportation et la colonisation comme « crime contre l’humanité et génocide contre les peuples africains ». Cette adoption, bien que tardive, démontre une nouvelle dynamique, mais aussi la réalité des pouvoirs asymétriques et de la dépendance économique à l’égard de l’Occident qui freine l'avancement du débat.
Pour le Dr. Omar Alieu Touray, Président de la Commission de la CEDEAO, cette discussion est indispensable :
« L'histoire, on ne peut pas l'oublier... L'histoire a beaucoup à faire avec nos États actuels, nos relations actuelles et l'état actuel de notre continent. Nous devons nous mettre ensemble pour voir comment corriger les problèmes de l'histoire et du passé. »
La Voix de l'Annulation de la Dette Historique
Malgré la réticence globale de l’UE, des voix s'élèvent au sein du Parlement européen. M. Younous Omarjee, Vice-président du Parlement européen, a insisté sur l'urgence pour l'Europe de sortir de la condescendance et de reconnaître la dette historique.
Il a fermement appelé à l'annulation de la dette historique :
« Nous devons, aujourd'hui, prendre le chemin d'une annulation de cette dette historique, parce qu'elle représente un fardeau, un poids considérable pour les pays africains... il faut prendre ce chemin, nous n'avons que trop attendu. »
Perspectives pour une Justice Réparatrice
Pour avancer concrètement, les experts préconisent à l'UA d’intensifier les recherches scientifiques sur les préjudices subis. Ce travail factuel devrait être complété par un plaidoyer stratégique et une action juridique, afin que la justice réparatrice soit perçue non pas comme une simple revendication financière, mais comme un impératif moral et politique pour un développement durable du continent.
Bien que le 7ᵉ Sommet n'ait pas produit d'annonce forte sur les réparations, il a consolidé les bases d'un dialogue bilatéral essentiel pour l'avenir des relations entre les deux continents.
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Sommet UA-UE à Luanda : La question des réparations historiques occultée malgré l'urgence africaine











