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TCHAD

Tchad : Interview du président du mouvement pour la redemption nationale (M.R.N)


Alwihda Info | Par Djamil @ - 4 Janvier 2009


Le service d’information du Commissariat à la communication de l’Union des Forces pour le Changement et la Démocratie a rencontré le Président du Mouvement pour la Rédemption Nationale (MRN). Le Camarade Saleh Alim dont le Mouvement vient d’intégrer l’UFCD s’exprime sur ses activités politiques, le contexte politique et socio-économique du pays et les perspectives de la lutte armée pour l’instauration d’un Etat de droit au Tchad.


Tchad : Interview du président du mouvement pour la redemption nationale (M.R.N)
INTERVIEW AVEC LE CAMARADE SALEH ALIM,
PRESIDENT DU MOUVEMENT POUR LA REDEMPTION NATIONALE ( M.R.N.)

Camarade Président, le Commissariat à la communication de l’UFCD vous remercie d’avoir accepté cet entretien à un moment où le processus d’unification de l’opposition politico-militaire est en voie de finalisation.  vous êtes le Président du MRN depuis 1999.

Pouvez-vous rappeler les circonstances et les raisons de la création  du MRN ?


La création du Mouvement pour la Rédemption Nationale en 1999 est intervenue dans un contexte national tchadien marqué par la déliquescence de l’Etat du fait des pratiques dictatoriales du régime MPS. Il est vrai que Déby a promis le jour de sa prise de pouvoir de transformer le Tchad en un havre de paix et de liberté. Mais au fil des années, les Tchadiens ont compris qu’il ne s’agissait en fait que d’une déclaration trompeuse pour endormir le peuple et instaurer une dictature implacable.

 En 1999 La situation du pays était déjà pour le moins apocalyptique. Assassinats politiques, pillage systématique des ressources nationales, destruction des villages, viols, tribalisation à outrance de l’administration et des rapports intercommunautaires avaient déjà atteint leur paroxysme. Les actes posés par Deby sont diamétralement opposés à ce qu’il avait solennellement déclaré à son arrivée au pouvoir. Devant cette situation, nous ne pouvions pas rester insensibles aux souffrances de notre peuple

Les Tchadiens ont donc compris très tôt que l’objectif de Deby n’est pas  d’instaurer la démocratie mais de provoquer un exode massif des populations afin d’avoir les mains libres et instaurer un empire avec les siens. La démocratie que clame à cor et à cri Déby n’est qu’un paravent devant lui permettre d’atteindre ses objectifs.

Deby a tout instauré au Tchad, sauf la démocratie. On peut comparer le système MPS à un cancer injecté par Déby à la société tchadienne pour la détruire lentement. Le comportement actuel du dictateur confirme ce que nous avions entre-temps établi.
 
Quels ont été les moments forts de la participation du MRN au processus de lutte pour l’instauration  d’un Etat de droit au Tchad ?


Les moyens dont dispose le mouvement ne lui ont pas permis d’entreprendre des actions militaires de grande envergure. Néanmoins, nous avons déployé de grands efforts pour marquer notre présence sur le terrain de la lutte armée contre Deby. Notre volonté de lutte demeure inébranlable. C’est cette détermination qui nous a conduits à intégrer l’UFCD pour des actions plus décisives.

Quelles sont les expériences que vous avez tirées de dix (10) ans de lutte ? Pourriez-vous donner quelques méthodes utilisées par Deby pour se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple ?

Deby utilise tous les moyens de l’Etat pour se maintenir au pouvoir. Tous les circuits financiers de l’Etat sont entre ses mains à cette fin. Le dictateur utilise à une grande échelle la terreur pour réduire les tchadiens au silence. Les membres de son clan qui occupent la quasi-totalité des postes de commandants de brigade et de commissaires de police sont mis à contribution. La Garde Nationale et Nomade, dirigée par son oncle, le général Mahamat Saleh Ibrahim, contrôle l’ensemble des marchés hebdomadaires tchadiens. Ces marchés gênèrent des ressources financières importantes qui ne profitent pas à l’Etat mais uniquement au dictateur et aux membres de sa famille.

Il n’est un secret pour personne que lors des dernières élections, Deby a perdu la complétion dès le premier tour mais il a imposé le deuxième tour. Comme tous les Tchadiens ont refusé de voter au second tour, il s’est fait élire par une population fictive. Ce sont là quelques-unes des preuves tangibles des méthodes utilisées par Deby pour se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple.

Comment voyez-vous la situation politique et socio-économique du Tchad ?

Le pays connaît un malaise social profond. L’économie nationale a reculé de plus de 40 ans. Les recettes pétrolières vont intégralement dans les poches du dictateur. Deby fait main basse sur cette importante ressource pour empêcher le Tchad d’amorcer son décollage économique. Il prétend être à l'origine de l’exploitation du pétrole tchadien et peut en utiliser le revenu à sa guise. Tout le monde sait pourtant qu’il n’a fait qu’exécuter pour son propre compte un projet monté bien avant lui. Le Tchad est le grand perdant de l’accord  conclu entre Déby, le Cameroun et le consortium pétrolier. Cet accord n’a pas été conçu dans l’intérêt du Tchad. C’est juste un outil entre les mains du dictateur dans sa quête permanente d’argent pour réaliser son rêve de dictateur et de Président à vie. L’intérêt général n’effleure même pas le fossoyeur de la nation tchadienne.

Le pétrole tchadien n’est pas considéré par Deby comme un patrimoine national mais plutôt comme un bien privé. Toutes les recettes pétrolières sont utilisées pour l’achat des armes et le maintien de Deby au pouvoir. Les secteurs de développement comme l’éducation, la santé, les infrastructures ne préoccupent pas le dictateur.

Malgré l’entrée du Tchad dans le cercle restreint des pays pétroliers, la pauvreté n’a pas reculé d’un pouce. Les scènes qu’offrent les Tchadiens se démenant dans tous les sens pour survivre sont révoltantes. L’éducation des enfants n’est plus assurée. Les malades crèvent par centaines faute de soins médicaux.

 Que pensez-vous du retrait  de la Banque Mondiale du dossier pétrolier ? Cette décision ne laisse-t-elle pas les mains libres à Deby pour faire ce qu’il veut ?


La Banque mondiale s’est retirée du projet pétrolier tchadien après avoir constaté que la gestion était malsaine. Elle a, de ce fait, dévoilé le vrai visage de Idriss Deby et mis a nu sa gestion calamiteuse qui est un système unique en son genre dans le monde. Les spécialistes en sciences politiques et en relations internationales partagent cette analyse de la situation imposée par Deby au peuple tchadien. Ils donnent la certitude qu’il s’agit bien de cela. Deby pense qu’il peut se moquer du peuple tchadien, mais en réalité, il se moque de lui-même.

Nous ne répéterons jamais assez qu’il n’existe au monde aucun système politique semblable à celui de Déby. Qu’on nous prouve le Contraire. Existe-t-il des règles du droit international ou tchadien qui donnent raison à Déby de gérer le pays de cette façon ? La réponse est assurément non. A travers cette gestion, le dictateur veut laisser un message au peuple tchadien : « quittez le pays au lieu de mourir de faim ». Nous savons que Deby rêve d’importer une nouvelle population à sa dévotion pour pérenniser son règne.

Pensez-vous que les partis politiques et la société civile jouent effectivement leur rôle dans la vie politique tchadienne ? Sinon, quelles sont les méthodes utilisées par Deby pour consolider son règne dictatorial ?

Aujourd’hui, tous les partis politiques n’existent que de nom. Ils servent juste de caution au système dictatorial de Deby. Ils n’ont pas les mains libres. Les chefs des paris politiques qui osent se poser en travers du chemin du dictateur sont éliminés physiquement. L’exemple de l’assassinat crapuleux de Ibni Oumar Mahamat Saleh en est un exemple éloquent. C’est la même situation qui a poussé à l’exil des chefs de parti politique dont feu Adoum Moussa Seif, Younous Ibedou, Adoum Hassan Issa, etc.

Vous êtes depuis quelques jours dans les camps de l’UFCD. Quelles sont les raisons de ce choix ?

Directement ou indirectement, nous avons toujours collaboré étroitement avec les responsables de l’UFCD. Les idéaux de lutte de l’UFCD sont partagés par nos militants. Nous avons choisi de poursuivre la lutte à l’intérieur de ce cadre parce qu’il regroupe les Tchadiens de tous les horizons. J’apprécie surtout la détermination et le sens du sacrifice qui animent ceux et celles qui constituent l’UFCD. Je suis sûr qu’avec cette équipe la victoire est certaine.

Comment voyez-vous l’avenir de la lutte armée contre le système dictatorial de Deby ?

Les opposants, à l’instar de l’ensemble de la population tchadienne, sont des gens oppressés, privés de leurs droits les plus élémentaires. Vous savez que toute personne privée de ses droits les plus élémentaires n’a pas peur d’affronter l’oppresseur. Celui qui a peur d’affronter l’oppresseur n’est pas réellement oppressé. Nous avons la ferme détermination de venir à bout du régime sanguinaire de Deby avec l’aide de Dieu.

L’exhibition par Deby de sa quincaillerie à l’occasion des festivités controversées du 1er décembre 2008 est un message d’intimidation adressé à l’opposition armée. Mais le dictateur de N’Djaména sait mieux que quiconque que le facteur déterminant dans une guerre ce sont les hommes et non les armes. Nos forces combattantes auront raison de l'armée de Deby.

Quelle sera la contribution du MRN pour l’accélération de la chute de la dictature ?

Notre contribution sera politique et militaire. La mobilisation est totale dans nos rangs.
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Les mouvements politico-militaires viennent de signer un manifeste politique d’unification de leurs forces politiques et militaires. Comment appréciez-vous cela ?


Nous avons toujours souhaité que l’unité de l’opposition armée se réalise. Nous avons toujours lancé des appels dan ce sens. Nous pouvons dire que le rêve d’hier est devenue une réalité. Tous les Tchadiens en sont fiers. Au lieu de rester sourds aux appels incessants de leurs compatriotes à l’unité, les responsables des cinq mouvements ont décidé de mettre en commun leurs ressources pour faire tomber rapidement la dictature. Nous saluons ce geste salutaire.

Avez-vous un message pour vos militants, la classe politique et la société civile tchadiennes ainsi que l’ensemble du peuple tchadien. ?


Je lance  un appel à tous les militants du MRN de se mobiliser au sein de l’UFCD pour guérir le peuple tchadien du cancer qui le ronge. Je félicite tous les leaders des mouvements et leurs collaborateurs pour les efforts ayant conduit à l’unification des forces. Au peuple tchadien, nous lui disons que nous sommes à l’écoute de ses attentes et de ses aspirations légitimes. Qu’il soit rassuré que sa sécurité ainsi que celle de ses biens nous préoccupent. Nous respecterons les aspirations du peuple parce que nous sommes différents de ceux qui le gouvernent en ce moment. A Deby lui-même, nous disons qu’il est fini politiquement et qu’il doit éviter à notre peuple un bain de sang inutile.
 
Propos recueillis par Djédé Kourtou Gamar



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