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Tchad : à N’Djamena, quand l’imitation devient mode de vie, le nouveau visage de la jeunesse


- 14 Novembre 2025


La capitale tchadienne est aujourd’hui le théâtre d’une véritable révolution stylistique portée par sa jeunesse.


Tchad : à N’Djamena, quand l’imitation devient mode de vie, le nouveau visage de la jeunesse
Loin des repères traditionnels, les jeunes garçons et filles adoptent de nouvelles manières de s’exprimer, bousculant les codes de genre et les conventions sociales. Un phénomène qui fascine autant qu’il dérange, et qui interroge sur le rapport entre identité, modernité et responsabilité individuelle.

La tresse au masculin : entre affirmation et provocation
La tendance la plus visible concerne les jeunes hommes qui, de plus en plus, arborent des tresses sophistiquées. Inspirés des musiciens, influenceurs et footballeurs internationaux, ces styles capillaires sont devenus un symbole de modernité et d’appartenance urbaine. Même sans lien avec le milieu artistique ou sportif, beaucoup y voient une manière d’attirer l’attention et de se démarquer. « C’est un style pour attirer le regard de la société », explique un jeune de Moursal, convaincu que la coiffure est aujourd’hui une forme d’expression libre.

Mais cette recherche d’identité a aussi son revers : le manque d’hygiène observé chez certains adeptes ternit parfois l’image du mouvement. Dans un contexte où l’apparence joue un rôle social important, ces excès peuvent prêter à confusion et alimenter des jugements hâtifs. Pour certains observateurs, ce phénomène traduit moins une provocation qu’un désir profond de reconnaissance et d’individualisation.

Quand les jeunes filles s’affranchissent des codes
En parallèle, de nombreuses jeunes filles de N’Djamena abandonnent les longs cheveux pour adopter des coupes courtes, autrefois perçues comme masculines. Ce choix ne se limite pas à une question de style : il s’étend à la manière de s’habiller et de se présenter dans l’espace public.

Le style boyish s’impose, brouillant volontairement les frontières entre féminin et masculin. « C’est une façon d’affirmer qui je suis, de montrer que je peux être libre et indépendante », confie une jeune coiffeuse du quartier Ardep Djoumal. Les motivations varient : expression personnelle, contraintes économiques ou raisons de santé. Mais toutes traduisent la même volonté : reprendre le contrôle de son image.

Le prix de l’audace : entre tradition et modernité
Ces nouvelles tendances ne laissent pas la société tchadienne indifférente. Pour certains, elles incarnent une jeunesse audacieuse, connectée au monde et fière de s’exprimer. Pour d’autres, elles représentent un éloignement des valeurs culturelles et morales qui ont longtemps structuré la communauté. Entre la tradition qui prône la retenue et la modernité qui célèbre la liberté, la jeunesse de N’Djamena tente de trouver son équilibre. Qu’ils soient garçons tressés ou filles aux cheveux courts, ces jeunes expriment avant tout une soif de reconnaissance dans un monde en mutation.

Une génération en quête d’identité
Ce phénomène dépasse la simple mode : il révèle les aspirations profondes d’une jeunesse en quête de repères et d’autonomie. Dans une société où les opportunités sont limitées, l’apparence devient parfois le seul espace de liberté, un moyen d’exister et d’affirmer sa différence. Reste à savoir si cette audace stylistique s’accompagnera d’une prise de conscience des responsabilités, notamment en matière d’hygiène, de respect de soi et de valorisation des vraies valeurs du vivre-ensemble.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)