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Tchad : le carburant s’achète au bord des routes


Alwihda Info | Par Yana Abdoulaye - 1 Juin 2021


Malgré l'interdiction de la vente du carburant à la sauvette par le gouvernement, afin de stopper ce phénomène dont les conséquences peuvent être désastreuses pour les vendeurs, l’activité continue sans gêne.


Au rond-point Hamama dans le 8ème arrondissement de Ndjamena, les bouteilles en plastique contenant le carburant, parfois pleine ou à moitié, sont exposées le long de la voie bitumée. A côté, des vendeurs et vendeuses sont assis, attendant les potentiels clients. A un jet de pierre du rond-point Travaux, dans le 1er arrondissement, plusieurs bouteilles en plastique sont également exposées. Femmes, hommes enfants vendent sans gêne le carburant, malgré la densité de la circulation. « Je pense qu’on aura de la clientèle aujourd’hui », lâche une vendeuse. « Depuis le matin, je n’ai eu que 2500 FCFA », se plaint une autre vendeuse, à l’ombre d’un mur.

A peine la discussion terminée, un motocycliste s’arrête devant une file de bouteilles. Chacune des vendeuses propose sa bouteille d’essence. « C’est moins cher et ce carburant est de meilleure qualité », déclare l’une d’elle. « Sers-moi 3 litres d’essence », commande le client. A l’intersection de l’avenue Mathias Garteri Mayadi et celui de Jacques Nadingar, dans le 7ème arrondissement, une femme avec enfant au dos fait signe à un client.

Devant les alimentations, les points de réparation d’engins de deux à quatre roues, des stations de fortune sont implantées. « Ces vendeurs nous rendent énormément service. J’ai l’habitude d’acheter auprès de ces détaillants, pour des raisons économiques », justifie Paul qui trouve que dans les stations-service, il faut acheter au moins deux à trois litres, avant d’être servi. Entre la raison économique et la question de proximité, certains acheteurs qualifient ce type de carburant insalubre. «Je n’achète pas ce carburant, de peur d’endommager ma moto. Le carburant vendu dans les stations-services est propre », soutient Eva. Mais Fouya Enock, un motocycliste, souligne la dangerosité du carburant vendu à la sauvette, surtout que ces produits pétroliers inflammables peuvent être à l’origine de la fabrication des explosifs artisanaux.

Si certains trafiquent le carburant, d’autres se ravitaillent dans les stations-services de la place. C’est le cas d’Yvette, une vendeuse au quartier Walia Mberwa dans le 9ème arrondissement. « J’achète le carburant dans les stations-services, puis je revends. Cela me permet d’avoir un peu de bénéfice », révèle-t-elle. Pour elle, malgré le risque, cette méthode d’approvisionnement lui permet d’en savoir l’origine et de garantir ses bénéfices. « Je ne peux pas prendre le risque de vendre le carburant frelaté », reconnait-elle.

La vente de carburant à la sauvette fait l’objet de restructuration par les autorités communales. Pour stopper cette pratique dont les risques sont énormes, les responsables communaux, et ceux en charge de l'énergie, ont mise en place plusieurs mesures, dans le but d'interdire la vente de façon informelle, de tout produit inflammable, mais en vain. Pourtant, un arrêté datant de 2007, interdisait la vente à la sauvette de tout produit inflammable dans la ville de N’Djamena. Selon l’article 1 de cet arrêté, « la vente informelle de carburant est strictement interdite dans la ville de N’Djamena ». Cela dit, la vente de carburant n’est autorisée que dans les stations-services officiellement reconnues. Pour se rassurer de la mise en pratique de cet arrêté, les agents de la mairie et ceux du ministère du Pétrole, par une autre mesure, procèdent au contrôle de la vente illégale du carburant à travers la ville, mais en vain.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)