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TCHAD

Tchad : le paradoxe des associations tchadiennes, l'unité en façade, le régionalisme en coulisse


Alwihda Info | Par Temandang Gontran - 16 Septembre 2025



Au Tchad, une tendance intrigante et troublante s'observe, la prolifération d'associations dont les noms résonnent comme des appels à l'unité et à la cohésion nationale. Des termes comme « Unité nationale pour le Tchad » ou « « Solidarité tchadienne » » fleurissent, portant l'espoir d'un peuple uni, transcendant les clivages ethniques et régionaux pour un défi à relever.

Un regard plus attentif révèle un paradoxe saisissant : derrière ces façades d'unité se cachent souvent des regroupements de personnes issues des mêmes localités, des mêmes régions ou des mêmes cercles d'amis. Ce phénomène est d'autant plus préoccupant qu'il se déroule dans un pays où les voix s'élèvent régulièrement pour prôner le vivre-ensemble et l'abandon des réflexes communautaires.

Les discours politiques et les campagnes de sensibilisation appellent à l'unité, à la tolérance et au dépassement des origines pour bâtir un Tchad fort et prospère. Mais sur le terrain, la réalité est souvent différente. Les associations qui se veulent le fer de lance de la réconciliation nationale se transforment en cercles de retrouvailles, où les membres partagent plus que des idéaux : ils partagent une origine commune.

Un fossé entre discours et actions
Ce décalage entre le discours et la pratique soulève une question fondamentale : les Tchadiens sont-ils réellement prêts à vivre l'unité ? Comment prôner la fin du régionalisme et de l'ethnisme si les structures mêmes censées promouvoir l'unité sont construites sur ces bases ? Ce comportement renforce les divisions au lieu de les atténuer. Les amitiés et les liens de solidarité se consolident à l'intérieur de ces bulles régionales, créant un sentiment d'appartenance fort, mais excluant.

Cette mentalité ne concerne pas uniquement les associations. Elle se reflète dans divers aspects de la vie sociale et politique. Elle freine le développement, car la confiance et les opportunités se limitent souvent aux cercles de proximité géographique ou ethnique. Le mérite et les compétences sont relégués au second plan, au profit des liens de sang et de voisinage.

Une opportunité manquée
La création d'associations est une excellente occasion de bâtir des ponts entre les différentes communautés. Elle permet de rassembler des individus autour d'objectifs communs, qu'ils soient culturels, économiques ou sociaux. C'est à travers ces interactions que se construisent une compréhension et un respect mutuels.

Malheureusement, en se limitant aux mêmes cercles, les associations tchadiennes manquent une chance unique de faire la preuve de la cohésion nationale. Elles reproduisent un modèle de clivage qu'elles prétendent combattre. Le chemin vers une véritable unité nationale au Tchad est semé d'obstacles. Il ne suffit pas de donner des noms éloquents aux associations. Il faut que les actes suivent les paroles.

Une véritable unité ne se proclame pas, elle se construit patiemment, avec des initiatives inclusives, transparentes et représentatives de la diversité du Tchad. La question reste à savoir si le Tchad est-il prêt à franchir le pas, à passer de l'unité des mots à l'unité des cœurs et des actions ? C'est un défi de taille, mais c'est la seule voie possible pour un avenir de paix et de prospérité pour tous les Tchadiens.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)