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Tchad : une affaire de « virginité perdue » enflamme les débats à N'Djamena


Alwihda Info | Par Hibé Ouadjouli Evarist - 16 Septembre 2025



Tchad : une affaire de « virginité perdue » enflamme les débats à N'Djamena
Une affaire pour le moins insolite secoue la capitale tchadienne, mêlant vie privée, traditions familiales, droit pénal et question du corps de la femme. Au cœur du scandale : une adolescente de 16 ans, dont la vie a basculé après la découverte par ses parents d’une vidéo intime sur son téléphone portable.

De la suspicion à la confrontation
Tout a commencé par un contrôle parental devenu routinier à l’ère du numérique. Inquiets, les parents de la jeune fille ont saisi son téléphone pour en inspecter le contenu. Leur découverte les a sidérés : une vidéo montrant leur fille échangeant des baisers passionnés avec un jeune homme.

Sous la pression, l’adolescente a fini par avouer l’identité de son amant, décrit comme étant déjà adulte. Néanmoins, la révélation ne suffit pas. Poussés par une curiosité teintée de colère, les parents décident d’emmener leur fille à l’hôpital pour un examen gynécologique visant à « s’assurer de l’état de sa virginité ». Les résultats, confirmant une rupture de l’hymen, ont jeté de l’huile sur le feu.

Convaincus d’avoir été trompés et leur honneur bafoué, les parents ont immédiatement porté plainte contre le jeune homme à la Coordination nationale de police judiciaire pour abus sexuel.

Une défense qui divise
Face aux accusations, le principal concerné, l’amant, a présenté une version des faits radicalement différente. S’il reconnaît une intimité avec la jeune fille, il nie catégoriquement tout rapport sexuel complet. « Je n’ai jamais abusé d’elle sexuellement », affirme-t-il, concédant toutefois « avoir juste introduit [ses] doigts dans ses entrejambes ».

Cette distinction, cruciale sur le plan médicolégal et moral, n’a pas convaincu la famille de la plaignante. Pour eux, le mal est fait et l’atteinte à l’intégrité physique et morale de leur fille est incontestable.

Refus de conciliation et impasse judiciaire
Malgré les multiples tentatives de la famille du jeune homme pour apaiser les tensions et régler l’affaire à l’amiable, les parents de la jeune fille restent intraitables. Ils ont rejeté une proposition de dot et de mariage, une solution traditionnellement envisagée dans ce genre de conflits pour « laver l’honneur » et assurer un avenir à la jeune fille.

Pour l’instant, toute conciliation est rejetée. La famille exige que la justice se prononce, promettant de porter l’affaire devant les instances judiciaires compétentes. Cette position rigide illustre un profond clivage générationnel et culturel sur des questions de moralité, de consentement et de l’importance accordée à la virginité féminine.

Au-delà du fait divers : un révélateur social
Cette affaire dépasse le simple cadre familial pour devenir un microcosme des tensions qui traversent la société tchadienne. Elle pose des questions essentielles : jusqu’où peut s’immiscer le contrôle parental dans l’intimité des adolescents ? Comment la justice doit-elle appréhender des notions aussi subjectives et culturellement chargées que l’« honneur » et la « virginité » ? La médiation traditionnelle est-elle encore une solution viable face à la rigidité de la loi moderne ?

Alors que la procédure judiciaire suit son cours, le cas de cette adolescente de 16 ans continue de défrayer la chronique à N’Djamena, suscitant autant d’indignation que de débat. Une affaire à suivre, qui en dit long sur les mutations en cours.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)